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04 octobre 2009

Saison 1 / Episode 35 : Quand les médias font le travail à ma place.

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Jean-Jacques Bourdin et Christophe Jakubyszyn (à droite)

 

C’est assez rare pour le souligner.

Ce vendredi 2 octobre au matin, la radio (RMC pour ne pas la citer) évoquait un terme que j’use sur ce Blog depuis bientôt un an : l’Emotion et son influence.

L’occasion était trop belle pour laisser passer ça.

Et en entendant attentivement l’intervenant, il en ressort que son étude est assez convaincante.

En effet, le nombre de lois émergentes explose littéralement depuis plusieurs années.

Avec la médiatisation de l’assassinat de la joggeuse Marie Christine Hodeau provoqué par le récidiviste Manuel Da Cruz, on revient à nouveau à un phénomène de lois nouvelles pas si nouvelles que ça.

Du fait que Blogspirit ne peut supporter des fichiers de plus de 15mo (le podcast nous intéressant fait 18mo), je vous renvoie au site, si cela vous intéresse :

Podcast RMC > Bourdin > émission du 02 octobre > 1ère partie 7h-8h > téléchargement > de la 10è minute à la 14è.

Je vous retranscris ci-dessous l’intégralité du passage, avant de revenir sur la réflexion elle-même concernant le trop plein de Lois, trop plein provoqué par l’émotion que suscite chaque nouveau fait divers.

L’émotion est un trompe-l’œil, vous le savez si vous lisez régulièrement les articles de ce Blog. J’espère ne pas être le premier à le dire.

Visiblement, certains médias partagent cette opinion (et précisent que cette analyse relève d’un véritable travail journalistique, ce qui me fait plaisir je l’avoue) et ça valait la peine de mettre cela en avant.

 

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« Loi contre le port de la cagoule et les bandes organisées, Loi contre les chiens méchants, Loi sur les portiques à l’école, Loi sur la fouille des cartables…

« Lois » au pluriel, il y en a eu tellement.

Sur la récidive, on ne compte plus les lois d’opportunités sorties, comme ça, des gouvernements, des cabinets gouvernementaux, des cabinets des ministres, et même de la présidence de la République, pour répondre à quoi ?

A une émotion de l’opinion.

Les « lois-faits divers », elles se multiplient dans ce pays et ce n’est pas comme cela que l’on gouverne un pays.

Et ce n’est pas fini, car on a eu droit à une pluie de propositions et de projets de Loi. On va avoir une nouvelle loi sur la libération conditionnelle, une nouvelle loi sur la récidive.

Bref, un fait divers, une Loi.

Un exemple, Frédéric Lefèvre (Porte-parole de l’UMP) vient de proposer une loi sur la castration chimique. Aussitôt dit, aussitôt fait, le Député Européen Yves Nicolin a annoncé qu’il entendait déposer une proposition de Loi visant à instaurer la castration chimique pour tout violeur d’un mineur de moins de 13 ans.

Mais cela existe déjà…

Le Président de la République a immédiatement demandé au Ministre de l’Intérieur de veiller au besoin par une modification de notre législation à une implication plus forte des services de police et de gendarmerie dans la surveillance étroite des condamnés ayant achevé leur peine.

Vous savez comment ça se passe : un fait divers, on reçoit la famille deux jours après et hop, on demande une Loi !

Mais il y a pire. Le Président, dans un communiqué de presse hier après-midi, a indiqué que le Projet de Loi destiné à limiter les risques de récidive, présenté en novembre dernier, en novembre 2008, serait examiné en priorité.

Cela fait pourtant un an qu’il est dans les placards…

De plus, dans l’intervalle, le projet de Loi pénitentiaire de Rachida Dati, partie depuis, prévoit lui d’étendre les possibilités de libération conditionnelle, sauf dans le cas des récidivistes or, c’est justement le cas de Manuel Da Cruz qui n’était pas, à ce moment-là un récidiviste.

Bref, on n’y comprend plus rien.

Brice Hortefeux lui-même s’en ait pris au juge d’application des peines, puis a été reprit de volée par Michèle Alliot-Marie.

Le Ministre de l’Intérieur a affirmé que l’assassinat de Marie Christine Hodeau aurait pu être évité. Il a mis en cause les juges d’application des peines qui ont pris la décision de libération conditionnelle.

Pas de chance pour Brice Hortefeux : le présumé meurtrier n’était pas en libération conditionnelle car si il avait été libéré en 2006 en plusieurs épisodes, depuis 2008 il avait purgé la totalité de sa peine.

D’ailleurs, commentaire gêné de sa collègue de la Justice, Michèle Alliot-Marie : « Nous n’avons sans doute pas donné au Ministère de l’Intérieur toutes les informations nécessaires ».

Le problème c’est que, le plus souvent, des lois existent déjà mais n’ont jamais été appliquées.

Un autre exemple : les bagarres survenues dans le Lycée de Ganny et dans la foulée la création du Délit d’appartenance à un groupement. Encore une idée qui avait germé dans les esprits fertiles des conseillers élyséens : un délit puni de trois ans de prison.

Le problème est que le délit de bande organisée existe déjà, mais on s’en est aperçu après les annonces.

Il y a aussi les effets d’annonce et après rien qui ne suit.

Dernier exemple : la fouille des cartables annoncée au printemps dernier. Une mesure polémique lancée par Xavier Darcos, à l’époque Ministre de l’Education Nationale, et Nicolas Sarkozy.

Et bien ce projet a été abandonné la semaine dernière, lors de la présentation du plan de sécurisation de l’école présenté cette fois-ci par les nouveaux Ministre de l’Education et de l’Intérieur, Luc Châtel et Brice Hortefeux. Voilà ce que dit Luc Châtel : « Nous avons beaucoup discuté et nous avons considéré qu’à ce stade n’y avait pas nécessité de légiférer. »

Est-ce comme cela qu’on gouverne ? »

 

 

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Peu de choses à ajouter donc après la lecture de ce passage radiophonique. L’augmentation du nombre de lois en une dizaine d’années est inquiétante en ce que nous vivons de moins en moins dans une société intelligible et claire.

L’un des principes législatifs est que tout le monde doit connaître la Loi.

Difficile d’y croire quand l’on voit que le législateur lui-même n’est pas au courant…

18:20 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emotion, loi, radio

08 novembre 2008

Episode 0 : Une Nouvelle Pierre apportée à l'Edifice de la Liberté d'Expression

« Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. »
Voltaire, 6 février 1770

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La Liberté d'Expression est-elle un Droit Sacré ?

La plupart d'entre vous vont se demander de quel droit un misérable étudiant originaire d'Auvergne se permet-il de lancer une telle question rhétorique ? Comment ose-t-il poser une question concernant la Liberté d'Expression ?? Par quel sacrilège la toile gigantesque d'internet laisse-t-elle la possibilité à un gamin de remettre en cause ce principe si vital ???

Tout simplement car j'ai un Droit, le Droit de m'exprimer librement, et je vais user de ce Droit autant que je le voudrai... et oui.

L'idée de créer un blog n'est pas neuve, et je m'y mets à mon tour car l'envie de partager des opinions se fait de plus en plus ressentir.
L'effet de mode a joué, évidemment, car si l'on s'y intéresse c'est justement parce qu'on en parle autour de nous.

Je ne prétends évidemment pas prêcher la bonne parole, loin de là, je désire seulement avoir un avis critique sur chaque bribe d’information qui nous est donnée.

Ainsi, moi, Pierre Machado, 20 ans, étudiant en Troisième Année de Droit, j’inaugure mon blog nommé « Tout est dit », blog traitant de l’actualité de tous les jours, mais d’un point de vue à la fois personnel et objectif (je m’y efforcerai grandement).

La réflexion est un outil qui mérite d’être perpétuellement en évolution, sans arrêt en marche, afin non pas de pouvoir atteindre la Vérité parfaite, mais essayer de s’en rapprocher autant que possible, la Réflexion Ultime, quelque soit le sujet, étant sans doute impossible à saisir, tant la réflexion elle-même amène de nouvelles questions à chaque fois qu’une réponse semble être trouver.

Ainsi, chers internautes, essayions de nous poser les bonnes questions, essayions de rester objectif quelque soit l’information qui nous soit donnée, essayions d’aller au-delà du simple raisonnement émotionnel, bien souvent un leurre qui nous paraît pourtant si évident.

Et la liberté d’expression est à lier à cette réflexion, car nous devons sans doute faire abstraction de toute idée préconçue afin de voir plus loin, voir plus loin que nous le voulons.

Mais la liberté d’expression est-elle un acquis ?

Pour réellement comprendre si la réflexion est à portée de main, on doit déjà savoir si cette réflexion aura de possibles limites à ne pas franchir, donc si la liberté d’expression sera sans limite ou s’il y aura des idées à bannir, et ainsi vérifier si la réflexion atteindra une ligne jaune qui ne devra être dépassé.

Il n’y a aucun doute que la liberté d’expression est un concept nécessaire dans le monde d’aujourd’hui, étant notamment l’une des caractéristiques de la Démocratie : Si je ne suis pas d’accord avec vous, je vous le ferai savoir, mais je respecterai tout de même votre point de vue car la valeur de votre idée est égale à la mienne.
Que ce soit sur un plan politique, religieux, idéologique, tous les points de vue méritent le même intérêt, c’est un fait.

Pourtant, comme l’ont montré certains évènements récents, l’encadrement de la libre expression semble nécessaire, ce qui paraît alors contradictoire avec la nature même du concept.

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Souvenez-vous, fin octobre un clip du groupe de rap « Dangereux Armés Redoutables » est censuré après avoir été mis en ligne sur le site Dailymotion.
Le groupe vise explicitement les policiers, le décor des banlieues y est mis en avant.
Certaines paroles sont sans appel : "Rien à foutre, impulsif j'ai de la haine. De la haine sortie tout droit des HLM. J'ai l'instinct criminel. (...) en cas d'embrouille, aucune trouille, je saigne un flic, ça finira dans un cercueil..."

L’opinion publique ne sera que passablement touchée par cette affaire, le clip ayant été enlevé de la toile et les poursuites judiciaires contre les membres du groupe étant engagées (du moins désirées par la principale intéressée, la Ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie), on n’en parle déjà plus dans les médias.

Au-delà de la violence des propos, il en découle un constat : la moindre attaque envers le corps policier est immédiatement sanctionnée.
Évidemment, nombreux sont les faits dénigrant les forces de police et qui ne sont néanmoins pas réprimés, mais on aperçoit une première limite à la libre expression : tout ne peut pas être dit.
Mais qu’est-ce que « tout » ? Où se trouve la limite entre la liberté d’expression raisonnable et la liberté d’expression irrespectueuse et donc à prohiber ?

Nous pouvons critiquer ce que nous voulons, c’est le but de la liberté d’expression, mais pas de n’importe quelle manière. Un encadrement de la liberté d’expression n’est donc pas à exclure.

Autre exemple, plus juridique celui-là, celui d’un directeur d’une imprimerie licencié pour faute grave en raison de propos injurieux à l’encontre de son employeur lors d’une réunion de direction.
Ces propos injurieux constituent-ils une faute grave justifiant un licenciement ou n'expriment-ils que la libre expression du salarié ?
Les juges concluront que le salarié jouit autant dans l’entreprise qu’en dehors de celle-ci de la liberté d’expression, néanmoins il ne peut abuser de cette liberté en tenant des propos injurieux diffamatoires ou excessifs.
En l’espèce, la qualification de la faute grave sera même établie, amenant ainsi le licenciement du salarié (Arrêt de la chambre sociale de la Cour de cassation, N° 04-47786 du 2 février 2006.)

D’autres nombreux exemples, dans tous les domaines, peuvent être rapprochés ici, mais il en ressort la même observation : la liberté d’expression (une liberté fondamentale à valeur constitutionnelle définit à l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, tout de même !) est acquise, en théorie, mais elle est à encadrer, en pratique.

Et la réflexion alors ?

La réflexion, chère ici car étant la substance même de ce blog puisqu’il se base sur elle, doit-elle être aussi délimitée que la liberté d’expression, afin de « rester dans les clous », ne pas « franchir la ligne jaune » qui ferait de cette réflexion un raisonnement irrespectueux, donc invalide ?
Il est logique de répondre à l’affirmative, vu que le principe à valeur constitutionnel qu’est la liberté d’expression est lui-même soumis à des limites.
Mais la réflexion pourrait alors perdre de sa force si on devait, avant même de vouloir réfléchir en profondeur sur le sujet qui nous intéresse, se dire « Je pense que… mais ce ne serait pas respectueux, ce serait injurieux, alors j’oublie cette idée ».

Ainsi, laissez-moi vous annoncer, chers internautes, que même s’il semble qu’il y ait des règles à respecter, un formatage auquel il faut se soumettre, je prendrai le risque de sortir des clous, afin d’aller le plus loin possible dans la réflexion, car bien que ne voulant pas heurter certains, je veux avant tout avancer dans mes analyses, afin d’ouvrir le débat.
Bref, que le spectacle commence…

Sources :

Salarié licencié pour injure à son employeur
http://www.juritravail.com/archives-news/Sanctions-disciplinaires/289.html


La chanson qui dérange
http://tf1.lci.fr/infos/france/societe/0,,4131847,00-le-clip-de-rap-qui-met-en-rogne-les-policiers-.html