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14 août 2010

Saison 2 / Episode 11 : Faut-il encore croire en la Politique ?

 

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Allez, après une bonne pause faisant suite à une Coupe du Monde bien fournie, on repart de plus belle et on parle Politique sur Tout Est Dit.

 

 

Faut-il encore croire en la Politique ?

 

Les temps sont très difficiles pour les partis politiques français, et les idées divergentes qui vont avec.

 

 

Depuis le début de l’affaire Woerth-Bettencourt, un nuage très sombre plane au-dessus du Gouvernement en place.

Ce n’est pas la première fois que le pouvoir dirigeant est pointé du doigt, certes, mais une affaire d’un tel poids, au scénario si « abracadabrantesque », qui tombe en pleine période estivale, de sorte que ça en devienne LE feuilleton médiatique de l’été 2010. Ça la fout mal.

 

 

Après le Bling-Bling qui entacha les premiers mois du quinquennat de Nicolas Sarkozy, après l’aspect people qu’engendra la liaison du Président de la République avec Carla Bruni, après la Crise qui empêcha la Majorité de suivre son programme fixé au soir du second Tour de l’élection présidentielle 2007, après la déroute de Copenhague où l’environnement devenait l’un des chevaux de bataille de la Droite, après la folie de la Grippe A qui inquiéta (trop) fortement Bachelot, voici une affaire qui porte en elle toutes les composantes d’un scandale de très haut niveau : Journalistes concernés (Médiapart, qui a révélé l’affaire au grand public), Ministre de premier ordre (Woerth, Ministre du Travail en charge de la délicate réforme des Retraites), personnalité au portefeuille illimité (Liliane Bettencourt).

 

 

Et les français en ont visiblement marre !

 

 

Depuis 1995 et le premier mandat de Jacques Chirac, la Droite est au pouvoir. 15 ans plus tard, on ne peut que tirer un bilan très mitigé.

Aujourd’hui, afin de gagner quelques voix pour une élection de 2012 déjà très proche, le Président de la République a délaissé un discours séduisant l’électorat de Gauche pour un discours plus dur visant à se focaliser sur les partisans des idées du Front National. On avait déjà flirté avec cela lors du débat sur l’identité nationale, voici que le lien créé entre immigration et insécurité par le Président lui-même finit de souligner la volonté de la Majorité d’envoyer un message bien différent aux électeurs potentiels.

 

 

Pouvons-nous espérer que le paysage politique hexagonal se refasse une santé dans les années à venir ?

 

 

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Si on fait un bref état des lieux, on remarque que le modèle politique français est usé, voire agonisant.

 

La Droite ? Après 15 ans au pouvoir (17 ans d’ici 2012), elle n’a toujours pas convaincue. Chirac s’était tiré une balle dans le pied avec sa fameuse dissolution de l’Assemblée Nationale de 1997. Le 21 avril 2002 relativisa la victoire de ce même Chirac, par défaut, face à Le Pen. Sarkozy basa sa candidature à l’Elysée sur la « Rupture », en 2007. Mais 3 ans plus tard, on comprend facilement qu’un second mandat de Nicolas Sarkozy paraît très compromis, voire impossible depuis l’accumulation de faits décrédibilisant totalement l’action gouvernementale. S’il y a Woerth aujourd’hui, n’oublions pas les cigares de Blanc et les voyages de Joyandet, hier, ni, bien sûr, l’ambition de fiston Sarkozy qui se voyait déjà à la tête de l’EPAD, alors qu’il est à la traîne au niveau des études (théâtre ou études, il faut choisir…). Et le lipdub « on s’est bien foutu de votre gueule » des jeunes UMPistes qui a fait plus de dégâts qu’on ne l’imagine tant l’image de la Majorité fut ternie par ce clip surréaliste et honteux.

 

Alors, l’espoir du renouveau de la politique passerait par la Gauche en 2012 ?

Mais qui pourrait représenter la Gauche ? Il y a autant de partis dérivés des opinions de Gauche qu’il y a de personnalités pensant à l’Elysée. Aubry ? Royal ? DSK ? Valls ? Et on en oublie des tas d’autres…

Il y a ici aussi un manque criant de notoriété. Oui, la Droite déçoit depuis de nombreuses années au sommet de l’Etat. Mais que ferait la Gauche à sa place ?

L’insécurité, un des axes préférés du Gouvernement, n’est pas non plus illusoire. Oui, il y a des problèmes d’insécurité inquiétants en France. Dérives religieuses, Gens du voyage, Grenoble, autant de faits divers qui inquiètent les français, et ce ne sont que pour les sujets chauds actuels.

La Gauche aurait-elle la force suffisante pour rétablir l’autorité ? Elle paraît bien peu crédible pour cela de nos jours…

 

 

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Et les extrêmes ? Le PC n’existe plus… Reste le FN, vilain petit canard de la politique française.

Même si un bon nombre de français s’est empressé d’oublier avoir voté pour Le Pen en 2002 (4,8 millions au Premier Tour, 5,5 millions au second Tour), il ne faut pas sous-estimer le Parti en vue des élections de 2012.

Et oui. Si on ne croit plus en la Droite, ni en la Gauche, et qu’on procède par élimination, dans un contexte d’insécurité grandissant, alors on se dit qu’un nouveau 21 avril 2002 n’est pas loin.

 

La politique est mal embarquée en France. Les Partis sont décrédibilisés de toutes parts, et 2012 arrive à grands pas.

 

La Démocratie implique d’accepter toutes les opinions politiques, quel qu’elles soient. En voyant la forme de notre société, on peut prédire un bon score des partis extrémistes pour la prochaine présidentielle, soulignant un ras-le-bol encore plus fort des citoyens français, citoyens fatigués d’assister à un show grotesque plutôt qu’à des réformes concrètes.

Bonne ou mauvaise chose, il faut avant tout accepter le jeu démocratique, où alors on passe dans le régime totalitaire…

00:19 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : droite, gauche

19 octobre 2009

Saison 1 / Episode 37 : Les Chiens ne font pas des Chats.

 

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Avoir 23 ans et être à la tête d’un organisme clé du quartier de la Défense, c’est plutôt synonyme de réussite.

Avoir 23 ans, être à la tête d’un organisme clé du quartier de la Défense, et être fils de Président de la République, c’est plutôt synonyme de piston royal.

 

Que ce soit les anti-sarkozystes les plus farouches ou les hommes de la classe UMP, cette histoire de « fils de » dérange plus qu’un geste ou une parole déplacée.

Comment devons-nous recevoir ce fait d’actualité, qui a le goût du piston, l’odeur du piston, l’apparence du piston, mais qui n’est pas du piston ?

 

Les défenseurs de Jean Sarkozy se fondent sur le Génie Politique, la maturité, la réussite de la jeunesse.

Les plus critiques parlent évidemment de Népotisme.

 

Pouvons-nous donner raison à l’un ou à l’autre des deux camps ?

 

Faire la différence entre le Fond et la Forme.

 

On ne va pas se limiter au simple fait de savoir s’il y a piston ou pas, mais sur le fait lui-même et la manière dont l’a reçue l’opinion publique.

 

Tout d’abord, l’annonce de la candidature de Jean Sarkozy à la tête de l’EPAD, sur le fond :

 

23 ans, c’est vrai que c’est jeune pour être projeté à la tête d’un des organismes les plus importants du Quartier de la Défense.

Mais nous savons tous qu’il existe des surdoués, comme nous le prouvent chaque année les informations traitant des lycéens passant le Bac à 14, 13, voire 12 ans.

Mais Jean Sarkozy est-il un « surdoué » lui aussi ?

Là, il est difficile de répondre par l’affirmative.

En effet, être en 2è année de Droit à 23 ans, ce n’est pas le CV le plus impressionnant qui soit (je suis sans doute moins objectif qu’à l’accoutumée ici car étant en M1 de Droit (4è année) à 21 ans, je ne pense pas pour autant être un surdoué).

Les Balkany mettent l’accent sur son « Génie Politique » ? Nous y reviendrons car il est intéressant de parler de Génie Politique quand on se retrouve au milieu d’une telle controverse.

 

S’il n’est peut-être pas un cerveau en Droit, il est censé avoir « plus de Génie Politique » que son père au même âge. Autre argument de ses défenseurs, mais qui là aussi est à prendre avec des pincettes car il est à mon avis difficile de quantifier ce genre d’aura, bien que les chiens ne fassent pas des chats, cela va de soi.

Pour la défense de Jean Sarkozy quant à ses prétendus talents de politicien, on peut accepter l’idée qu’il est « tombé dedans quand il était petit ».

 

Mais, et là il faut mettre l’âge de côté, étant le fils d’un éminent homme politique, il faut concevoir que ce genre de situation était à anticiper. Être fils de Président de la République, cela pousse à vouloir se lancer dans le grand bain à son tour, c’est un fait.

 

Alors oui, pourquoi ne pas lui donner sa chance, comme les Martine Aubry, Marine Le Pen, et autres ?

 

Lui donner sa chance, oui, mais aussi le tester et lui donner non pas la chance d’atteindre facilement la postérité, mais l’occasion de faire ses preuves.

Là, sans rien avoir sur le CV, être propulsé à la tête de l’organisme chargé de l’aménagement de la Défense, c’est un joli cadeau de noël, non une occasion de faire ses preuves.

Cela nous amène à la forme, la forme quant à ce fait d’actu.

 

 

 

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L’annonce de la candidature de Jean Sarkozy à la tête de l’EPAD, sur la forme :

 

On évoquait un peu plus haut le « Génie Politique » de Jean Sarkozy, loué par la famille politique proche du Président de la République et plus précisément par Patrick Balkany (qui a lui aussi fait preuve d’un certain Génie Politique auparavant, si l’on peut considérer les fellations forcées sous la menace d’une arme en faisant partie…).

Et bien, quelle entrée en matière pour le Génie Politique 2.0 !

A peine un mois après la blague Hortefeux, deux semaines après le doigt Besson, et une semaine après la vie sexuelle Mitterrand, voici l’insolence Jean Sarkozy !

 

Si la famille UMP voulait trouver le plus mauvais moment de l’année pour se donner une image des plus négatives auprès de l’opinion, elle ne pouvait pas faire mieux !

Alors que l’opinion commençait à se diviser après les propos d’Hortefeux, avant que Besson ne se mette une partie des médias à dos, puis que tout le Monde soit gêné que le Ministre de la Culture « himself » aille raconter ses petites escapades sexuelles en Thaïlande, voici que le fils du Président en personne prend le risque de jouer avec l’opinion publique.

Si ça c’est du Génie Politique, et bien nous ne sommes pas au bout de nos surprises !

 

Vous l’aurez compris, tout va beaucoup trop vite pour que ce soit honnête.

Si Jean Sarkozy est si bon que ça, alors testons-le (ce à quoi la Majorité ne semble visiblement pas prête) pour qu’il fasse ses preuves.

Ici, il n’en est rien. En moins de 2 ans, Jean Sarkozy à brûlé toutes les étapes pour passer des bancs de la Faculté au fauteuil de Président de l’EPAD.

Belle ascension si l’on croit aux histoires réelles inspirées des meilleurs films, mais là, trop c’est trop.

 

Mon devoir d’objectivité me force à chercher des « Pour » en faveur de Jean Sarkozy car, après tout, tous les points de vue se valent.

D’accord, donnons-lui l’occasion de faire ses preuves, mais ne lui donnons pas la récompense avant d’avoir réussi sa mission.

 

 

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EPAD, Pas dur ?

 

Il y a une différence entre le poste de Président de la République et celui de Président du Conseil d’Administration de l’EPAD, cela ne surprendra personne.

Mais le quartier de la Défense, c’est tout de même le premier quartier d’affaires européen.

Que va faire Jean Sarkozy s’il en prend la tête ?

« L'EPAD effectue les études préliminaires d'urbanisme et les études de faisabilités techniques des différentes opérations. Il réalise au fur et à mesure de l'évolution du site les travaux d'infrastructure indispensables au développement du quartier d'affaires. » (Source : Wikipédia, vu que le site officiel est moins complet).

Vu comme ça, et en sachant que je fais tout de même un bref raccourci, ce n’est pas impossible pour toute personne s’y connaissant un minimum.

Le problème, il pourrait se trouver sur Jean Sarkozy lui-même : quelle notoriété a-t-il ?

Bien sûr, face à des interlocuteurs français craignant de perdre une occasion juteuse, il pourrait ne pas y avoir de réels soucis, mais face à des étrangers, beaucoup moins impressionnés par le fait d’être devant le « fils de », qu’en sera-t-il ?

 

Si la mission de Jean Sarkozy n’est pas trop poussée et qu’il bénéficie de l’aide de son entourage (ce dont on peut être certain), cela pourrait être réalisable.

Néanmoins, là aussi il y a un hic : des inquiétudes concernant les conséquences financières d’une candidature de Jean Sarkozy sont émises par des personnalités politiques, telles que Jean-Christophe Fromantin (Maire de Neuilly-sur-Seine) ou Patrick Jarry (Maire de Nanterre).

 

L’EPAD, ce n’est pas le Vietnam, on est bien d’accord là-dessus, mais ce n’est pas Byzance non plus.

En faisant le pari de s’installer à la tête de l’EPAD, Jean Sarkozy franchi un pas décisif dans sa carrière politique, après le Conseil Général des Hauts-de-Seine en 2008.

23 ans, et déjà un « Quitte ou Double » s’offre à lui : il a déjà la majorité de l’opinion publique contre lui (plus de 60% des français sont contre sa prise de fonction à la tête de l’EPAD), et il risque d’avoir les oreilles qui sifflent d’ici l’élection officielle.

 

Certains disent que si Jean Sarkozy est si bon en la Politique, il en viendra, d’ici quelques années, à « tuer le père », politiquement parlant évidemment.

Il faudrait déjà qu’il n’ait pas provoqué son propre suicide politique dès la fin de cette année.


Sources :


C'est quoi l'EPAD ?

 

L'EPAD sur Wikipédia

C'est qui Jean Sarkozy ?

Passer le Bac à 12 ans et 11 mois, Record à battre !


2/3 des français critiquent la probable arrivée de Jean Sarkozy à la tête de l'EPAD

 


00:06 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : sarkozy, epad, défense

11 octobre 2009

Saison 1 / Episode 36 : Du Devoir d'Exemplarité.

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Nous assistons actuellement à une bien mauvaise période pour les politiques.

Cette semaine a été marquée par l’émotion qu’à suscitée la redécouverte du Livre « La Mauvaise Vie » de Frédéric Mitterrand, et bien entendu le passage traitant de ses rapports avec des « garçons » en Asie, pour le moins douteux.

Après le célèbre « Quand il y en a un ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes » d’Hortefeux visant les communautés musulmanes, et le doigt d’honneur de Besson s’adressant aux caméras de Canal +, voici qu’un autre homme du Gouvernement se retrouve sur le devant de la scène médiatique, pour une action qu’on lui reproche fortement.

Etre Ministre, c’est avoir des responsabilités fortes.

C’est aussi accepter que chaque fait de vie privée puisse se retrouver dans la sphère publique.

Dès lors, un Ministre se doit d’être attentif 24h/24, 7 jours/7, sous peine de devenir la proie préférée des médias.

La preuve fut faite avec Brice Hortefeux qui, n’ayant finalement eu l’envie que de blaguer, et rien d’autre, dû faire face à des critiques plus acerbes les unes que les autres, et la reprise en chœur du « Il doit démissionner » par l’opposition.

Une des utilités de ce fait divers fut sans doute de démontrer à quel point l’opinion publique peut tomber dans l’excès, dans un sens ou dans l’autre.

Ainsi, alors que tout le monde a entendu la même phrase sortir de la bouche du Ministre, celle-ci a eu droit à plus d’interprétations qu’elle n’aurait jamais pu espérer : propos racistes pour l’opposition, simple blague pour la majorité, phrase déplacée pour les uns, phrase sortie du contexte pour les autres,…

Si une chose est sûre, c’est bien que les responsables politiques, entourés de micros, téléphones portables et caméras, ne peuvent parler spontanément sans avoir mûrement réfléchi auparavant.

Du coup, on peut se demander ce qu’il advient de l’exemplarité.

Oui, les responsables politiques, et les Ministres du Gouvernement qui plus est, se doivent d’assumer un devoir d’exemplarité découlant de leurs fonctions.

Néanmoins, peut-on véritablement mettre à un même niveau les propos déclarés en public volontairement, et les propos à tendance plus privés, volés par un outil audiovisuel mis à proximité par une âme flairant le bon coup médiatique.

Le fameux « Casse toi, pauv’ con ! » du Président de la République en est un bon exemple. Tout le monde retient les paroles du Président, mais personne ne se rappelle que ses propos sont une réponse à un « Me touche pas, tu m’salis ! » tout aussi amical.

Les ingrédients pour réussir un coup médiatique : une caméra bien placée, une provocation anodine, et une réponse virulente de l’homme politique.

Envoyez ça sur le Net, l’opinion publique fera le reste.

Si défendre les politiques est envisageable, on sent que cette épée de Damoclès rodant au-dessus de leur tête et nommée « Exemplarité » leur impose une sorte d’exclusivité en faveur de l’opinion publique.

Comme si, à l’instant où l’on devient une personne politique de premier plan, on ne devait déclarer que des propos encadrés et « politisés » afin de toujours plaire à tous, et ne jamais vexer personne.

Oui, mais nous sommes des êtres humains. Quand nous parlons avec un ami, un proche ou une connaissance, on ne se sent pas obligé (heureusement) de réagir comme si 3 caméras et 10 micros étaient en face de nous.

 

 

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Un Devoir inévitable.

Si les politiques eux-mêmes ne montrent pas l’exemple, c’est la fin de la classe politique, tout simplement.

Les élus, en première ligne, sont redevables envers les électeurs leur ayant fait confiance. Il va de soi que, dans la sphère publique, cela ait un impact.

Les Ministres Gouvernementaux, eux, sont peut-être plus victime de ce devoir d’exemplarité car, à défaut d’être tous élus, la plupart sont choisis par le Chef de l’Exécutif.

Dès lors, les Hortefeux, Besson et Mitterrand ne peuvent pas se permettre d’erreur de communication entachant l’exemple qu’ils doivent donner : ils ne sont pas élus par la population et se retrouvent à des postes clés.

Quand le Ministre de l’Intérieur blague avec un jeune magrébin, dans un cadre privé, et surtout du fait que le jeune magrébin lui-même en rigole, on ne voit pas où se situe le problème.

Le problème, il intervient quand on prend en compte que ce Ministre de l’Intérieur soit aussi l’ancien Ministre de l’Immigration et que les caméras, rien que par le biais de pouvoir diffuser les images à la population entière, permettent de voir la scène sous un autre angle et en découlent des interprétations multiples, comme on l’a vu un peu plus haut.

D’une blague osée, on passe à des propos totalement honteux, par la force de la mise en avant de la vidéo aux électeurs et aux autres personnalités politiques.

Quand Besson jubile de voir un jeune de l’UMP réciter son discours aux journalistes, il ne peut s’empêcher de lancer un doigt d’honneur aux caméras de Canal +.

Là, c’est un peu plus choquant, car ce ne sont pas des propos susceptibles d’être sortis de leur contexte, ni une blague adressée à un destinataire bien précis, mais bien d’un signe envoyé aux médias tel que « Celui-là, je vous le met bien profond… ».

Là, et c’est sans doute ce qui a obligé Besson à s’excuser de ce geste, il ne peut y avoir différentes interprétations de pareille scène.

Et puis être pris en flagrant délit, lorsque l’on envoie un tel signe aux médias, quand on est un homme politique, ça peut vite se transformer en suicide politique.

Enfin, Mitterrand, qui en plus d’avoir des responsabilités, porte un nom, et se retrouve face à la pire des accusations.

Là encore, il y a une différence de taille : les propos heurtant l’opinion publique n’ont pas été délivrés devant une caméra ou face à des micros, mais dans un livre qu’il a lui-même écrit.

Ne pensant sans doute pas que l’extrait de son bouquin lui serait jeté à la figure accompagné des pires critiques concernant la pédophilie et le tourisme sexuel, Mitterrand voulait être sincère et honnête dans la description des sentiments ressentis lors de son voyage.

Manque de chance, avec l’affaire Polanski, sa défense du cinéaste et le débat lancé par Marine Le Pen, le voilà pointé du doigt de toutes parts.

S’appeler Mitterrand, être Ministre de la Culture après avoir fait une carrière remarquable dans ce domaine, et confesser dans un livre avoir fait (à défaut d’une réelle histoire sexuelle avec des enfants) une approche du tourisme sexuel, cela fait tâche.

 

 

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Une exemplarité ? Oui, mais qui tend à tomber dans l’excès.

C’est ainsi que les trois hommes du Gouvernement les plus en vue, l’un pour avoir conduit la mission très controversée du Ministère de l’Immigration antérieurement, le second pour avoir trahi toute sa famille politique de Gauche pour être aujourd’hui pressenti à Matignon, et le dernier pour porter un nom et un statut le rendant populaire aux yeux de tous, se retrouvent face à des situations bien délicates.

Peut-on les mettre au même niveau ?

L’un a-t-il été plus loin que les autres ?

Lequel a vraiment fait une erreur grossière ?

Avons-nous confondu exemplarité et moralité ?

Le débat ne peut se défaire de la distinction entre la sphère publique et la sphère privée.

Si l’un des trois devrait être moins à blâmer, ce pourrait être Hortefeux.

Évidemment, des blagues communautaristes de la part d’un ancien Ministre de l’Immigration peuvent avoir un drôle de goût, mais au vu du contexte on ne peut pas non plus taxer cet humour de honteux.

Il faut reconnaître que si la réflexion tenue par Hortefeux se doit d’être taxée de raciste, alors que celui qui a le plus ri à cette blague est le jeune magrébin lui-même, on doit aussi taxer de raciste tout humoriste jouant sur l’humour osé, comme les Guillon et autres poils à gratter des médias.

Mais c’est un homme politique au passé embarrassant, donc on s’en fait une proie facile.

Mitterrand, lui, s’est tiré une balle dans le pied car il lance dans la sphère publique, par le biais de son livre « La Mauvaise Vie », ses histoires intimes.

Le livre était sorti en 2005, et nul doute qu’à l’époque il ne se doutait pas devenir un jour Ministre, surtout à peine 4 ans après la sortie de ce même livre.

Mais alors il faut assumer, ou alors ne pas prendre de risque et faire ce genre de confessions quand on a plus rien à attendre de la vie politique (à moins qu’en 2005, il ne se voyait jamais tenir un rôle politique, et ne sentait pas que cela puisse arriver un jour).

Mitterrand l’a reconnu, il a fait une « erreur », l’erreur d’avoir écrit pareil fait dans son livre autobiographique. Mais il n’a cependant pas estimé avoir commis de faute ou crime, sur l’appréciation des faits rapportés dans le livre.

On n’était pas à côté de lui durant son « voyage touristique », et les opinions divergent sur les faits rapportés, certains étant sûr que l’on a affaire à de la pédophilie, tandis que d’autres restent à la case homosexualité avec des « garçons ».

Et puis, salir le nom de Mitterrand de pareille sorte, qu’espérer de mieux pour la Majorité qui n’a pas due être unanimement satisfaite lors de la nomination d’un tel nom au Ministère de la Culture ?

La plus grosse erreur, et ce n’est pas difficile à comprendre, c’est sans doute Besson et son geste adressé non seulement aux caméras de Canal +, mais à toute la profession journalistique.

Là, c’est une erreur, tout simplement.

Et c’est aussi le seul des trois à s’être excusé, démontrant que lui aussi a prit conscience de sa faute.

On demande-t-on trop aux hommes politiques concernant le devoir d’exemplarité ?

Sans doute, car les enfermer dans une sphère publique, même quand ils se retrouvent dans une situation privée, n’est pas bon pour la classe politique.

On doit accepter le fait que, hors caméra, les hommes politiques puissent être moins rigoureux, comme lorsqu’ils s’adressent à des amis par exemple.

Ou alors on prend en compte le fait qu’un Ministre est Ministre 24h/24 (ce qui est vrai, bien sûr) et alors aucune dérive, même la plus minime, n’est autorisée.

Comme le Monde n’est ni tout blanc, ni tout noir, mais finalement très gris, on doit accepter l’idée qu’à chaque fois qu’est rapporté par les médias un fait mettant en cause un homme aux lourdes responsabilités dérapant, il faudrait mesurer la réalité de ce fait pour vraiment conclure à une erreur ou non.

Trouver un juste milieu, tout simplement.

L’homme ne peut tenir des propos spontanés et réfléchis tout le temps pendant des années et des années.

Une blague osée tenant compte du contexte, passe encore.

Une confession, sur le thème le plus sensible actuellement, dans un livre autobiographique, ce n’est pas très malin, et si c’est condamnable alors condamnons.

Faire un doigt d’honneur à des journalistes, c’est stupide.

Maintenant, à chacun de se faire sa propre idée, sa propre interprétation des situations décrites dans cet article, de juger les personnes les ayant commises, mais tout en mesurant la réalité des faits.

Oui, le Président de la République à dit « Casse toi, pauv’ con ! » à un citoyen français.

Mais n’oublions pas que ce dernier lui avait auparavant lancé « Me touche pas, tu m’salis ! ».

Vous, qu’auriez-vous répondu ?

Sources :

 

Mitterrand ne veux pas en rester là


Les justifications de Besson


Hortefeux cité à comparaître le 17 décembre