20 août 2010
Saison 2 / Episode 12 : Et tant pis pour la qualité.
Ah, Avatar… Pandora, ses habitants bleus, ses animaux, ses humains venus pour tout casser, etc…
Le Monde entier est tombé sous le charme des aventures de Sam Worthington dans ce film survitaminé à dose d’effets numériques et spéciaux bluffant. Et M. James Cameron, une décennie après Titanic, fait à nouveau chavirer tous les chiffres.
Comment Avatar, un film de SF au scénario pas terrible (soyons honnête), a-t-il pu tout écraser sur son passage ?
Le coupable ? La 3D.
Avez-vous remarqué que, depuis bientôt un an, les promotions des nouveaux films à l’affiche se basent tous sur la même courte et simple phrase : « En 3D » ?
Au feu l’habituelle phrase choc qui côtoie le titre du long-métrage, oublié la liste des atouts du film, perdue l’envie d’aller au cinéma pour la qualité, qu’importe tant qu’il y a marqué « En 3D ».
Avatar, Alice au Pays des Merveilles, Shrek 4,…
On pourrait distinguer plusieurs catégories de films usant la 3D avec plus ou moins d’ambition.
Tout d’abord, la daube qui compte sur la 3D pour se sauver. Et bien, même si la majorité des spectateurs ayant vus Avatar crie au chef-d’œuvre, désolé de faire preuve d’un peu d’objectivité, mais Avatar est mauvais, voire exceptionnellement mauvais. Tiens, ça me rappelle Bienvenue chez les Ch’tis : un film que tout le monde s’est senti obligé d’aller voir et d’aimer parce qu’on aime bien être des moutons.
Le scénario ? Copié sur Pocahontas et banal à en mourir.
Les personnages ? Le grand méchant de l’histoire (le nom m’échappe) sort des répliques dignes d’un dessin animé pour enfants. Et je ne parle pas des autres personnages de l'intrigue.
Bref, on enlève la 3D à Avatar, n’en reste qu’un des plus mauvais films de 2009. Mais bon, comme « la 3D c’est trop bien », on délaisse volontiers la qualité pour se contenter des effets de la 3D…
Dommage car Avatar restera dans l’histoire du cinéma à jamais. On est pourtant à des millions d’années-lumière d’un film de qualité et des Hitchcock ou Welles doivent se retourner dans leur tombe en voyant à quoi se réduit le cinéma à succès d’aujourd’hui.
Mais l’industrie hollywoodienne n’en a que faire et a sauté le pas. D’autres films utilisent la 3D alors que c’est totalement inutile.
Ainsi, M. Tim Burton lui-même succombe à la 3D juste par effet de mode et Alice aux Pays des Merveilles sort dans les salles obscure auréolé de la mention "en 3D".
Ou encore Shrek 4. Fin d’une saga qui aurait du s’arrêter au bout du second film, la qualité n’étant plus présente par la suite. Mais on met de la 3D dans l’ultime épisode de la saga, alors ce sera bien… Ou pas.
Et il y a les films qui usent habilement de la 3D, des films sans prétention mais qui assument complètement leur virage orienté vers du pur spectacle en Troisième Dimension. Un film néanmoins pour enfants à classer ici : Dragons. Il ne restera pas dans les annales, mais il eut le mérite de ne pas seulement apposer la mention « en 3D » sur son affiche de promotion, il lui fait la part belle.
Et plus qu’un simple effet de mode, c’est une véritable renaissance que s’offre le cinéma.
La qualité ne comptera plus.
Nos salles obscures offrent déjà un panel riche de long-métrages en 3D. Et cela ira en augmentant inlassablement dans un futur proche.
Qui y gagne ? Qui y perd ?
Les grands gagnants seront les industries du cinéma, évidemment. Maintenant, lancer un film au scénario loupé, aux acteurs mauvais et à la réalisation douteuse, ce sera un bide. Rajoutez-y la 3D et la chute sera bien plus douce et les millions amassés en feront un succès commercial non négligeable. Et il n’y aura plus de mauvais films méritant l’échec commercial.
Pour prendre un exemple, rappelez-vous le pire film français de ces dernières années, à savoir Astérix aux Jeux Olympiques. Film le plus coûteux de l’histoire du cinéma français, ce fut aussi l’un des pires (avec des navets tel que Taxi 4 et j’en passe…). Mais 7 millions de masochistes ont quand même souhaités voir cela au cinéma. 7 millions de spectateurs, c’est énorme, et pourtant pas assez pour rentabiliser le film (il aurait fallu 10 millions d’entrées). Si la 3D existait déjà lors de la sortie d’Astérix 3, sans doute le cap des 10 millions d’entrée aurait-il été dépassé.
Ceux qui y perdent, ce sont donc les spectateurs. Aujourd’hui encore, cela ne se ressent pas trop, mais sur le long terme les effets seront très négatifs. La qualité du scénario ou du film en lui-même ne comptera plus. On ira au cinéma pour mettre les lunettes 3D et espérer en prendre plein les yeux.
Aurons-nous droit à des chefs-d’œuvre dans les années à venir ? Oui, bien sûr. Pour cela, espérez que l’on est toujours une majorité de films « normaux » à voir, et méfiez-vous des long-métrages estampillés « 3D ».
La mode de la 3D passera peut-être, mais en attendant il va falloir que les producteurs et réalisateurs ne cèdent pas trop facilement aux sirène de la Troisième Dimension pour négliger la qualité du film.
14:19 Publié dans Médias | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, avatar
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