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01 février 2009

Saison 1 / Episode 17 : Quand la Réalité Supplante la Fiction.

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La semaine passée, la Belgique fut bouleversée par ce fait divers : un homme commettant un massacre dans une crèche, tuant deux bambins et un adulte.

Quelques jours plus tard, un détail sur le criminel porte à intérêt.

En effet, bien que cela semble très superficiel, les médias rapportent qu’il portait un maquillage rappelant fortement celui du Joker dans le film « The Dark Knight », énorme succès dans le monde entier.

Evidemment, seuls les spécialistes peuvent réellement déterminer le profil psychologique de l’individu, mais on peut facilement déceler l’impact qu’à eu le film sur lui, de manière qu’on doit de se demander si ce dernier n’a pas eu un véritable rôle dans ce drame.

Mais ne serait-ce pas une chasse aux sorcières que d’essayer de démontrer par A+B qu’un divertissement ait une influence si forte sur des personnes alors que, sur les millions de spectateurs ayant vu les différents actes terroristes du Joker, un seul semble avoir été vraiment faible psychologiquement pour effectuer une folie telle, à la manière de son idôle.

Le cinéma et les séries ont-il une réelle influence sur nous ?


La violence, rentabilité actuelle.

Dans « The Dark Knight », le Joker est un terroriste en puissance voulant prouver que la peur peut guider une population entière si on sait la manipuler.
Nous n’allons pas restituer ici le synopsis du film, mais il est à souligner que le scénario use avec efficacité les peurs actuelles de chacun en matière de Terreur (cf. « Combattre le Feu par le Feu »).

Le terrorisme marque régulièrement le Monde entier, et quoi de plus logique que de donner le premier rôle au blockbuster de l’année à un terroriste ?
Le succès montre à lui seul que le public y porte un intérêt massif.

De plus, le jeu d’acteur du regretté Heath Ledger, dans la peau du Joker, fut unanimement salué dans le monde entier de sorte que les récompenses à titre posthume se multiplient (notons d’ailleurs que la Cérémonie des Oscars est proche et qu’il pourrait être là aussi mis en avant).

Bref, nous avons donc aimé un terroriste en la personne du Joker, un terroriste qui fut le gros atout du film de l’année 2008, tout simplement.

Le raccourci que j’effectue est-il trop rapide ?
Et bien quand on voit ce qu’il vient de se passer à Termonde, on se dit que ce raccourci paraît plus envisageable que nul autre.

La personne fut tant impressionnée qu’elle en vint à « être » le Joker en faisant un acte d’une rare violence, physiquement comme psychologiquement.

Que penser ? Qu’il était à l’origine déséquilibré et que cela serait arrivé un jour où l’autre ? Que l’impact qu’à eu sur lui le film était trop intense ?
Nous devrions prendre des gants sur cette réflexion car s’entrevoit ici un problème bien grave : le fait que des personnes psychologiquement faibles confondent fiction et réalité, trouvent refuge dans les yeux d’un personnage sordide.

Si nous concluons que la violence aujourd’hui, à la fois dans les films mais aussi ailleurs (nous reviendrons sur les séries), à une réelle influence sur nos comportements, à différents degré, ce sera inquiétant car nous redouterions jour après jour l’émergence de nouveaux faits divers encore plus horribles.
Mais reste l’argument que nous sommes face à l’exception : un homme l’a fait, des millions d’autres ne l’ont pas faits et n’en auront d’ailleurs jamais la moindre pensée.

Pourtant, si nous devions nous pencher sur les différents vecteurs menant au constat que la violence est à portée de tous et donc des personnes trop influençables, nous ne serions pas dans le faux.
Il est bien loin le temps où « La Petite Maison Dans la Prairie » pouvait servir de modèle d’éthique à tous. Aujourd’hui le désir de cumuler les audiences pousse les chaînes mondiales à vouloir faire de plus en plus dans le trash afin d’attirer le téléspectateur et le garder en haleine des heures durant.

Comme le cinéma, les séries touchent aussi la majorité d’entre nous, et plus les années passent, plus elles excellent dans le politiquement incorrect :
Aux Etats-Unis, « Dexter » nous propose de suivre le quotidien non pas d’un flic banal, mais d’un criminel, tout simplement. J’arrête mon descriptif de cette série ici car les fans savent que l’histoire ne se limite pas à ça, mais il n’en reste que l’essence même de la série et que le héro et un tueur.
En Angleterre, la saison 3 de la série « Skins » vient de débuter. Le speech ? La déchéance d’adolescents vivant dans la banlieue de Bristol, avec des intrigues se déroulant sur fond de drogue, sexe et techno.
Je ne cherche pas à pointer du doigt ces séries comme un démagogue pointerait du doigt les jeux vidéo (qui sera sans doute un sujet traité à l’avenir sur ce blog), car moi-même je les regarde et je n’ai pas honte de le dire, bien au contraire.
Mais il faut être réaliste et ne pas se voiler la face : on ne peut pas mettre n’importe qui devant ces séries où le héro est un assassin, ou devant ces films où l’on en termine à idolâtrer un fou dangereux.

Alors, les avertissements du CSA et les rappels sur l’âge des personnes pouvant regarder le programme ? Soit, je veux bien y croire pour un film passant sur les chaînes hertziennes, mais avec les nouveaux outils (téléchargements, streaming), si un adolescent ou une personne influençable veut regarder un épisode ou un film bien trash, il le fera sans avoir trop d’obstacles à éviter…

Nous pouvons donc terminer ici en déclarant qu’il faille accepter le fait que toutes les personnes ne sont pas à mettre devant le même écran.
Si l’immense majorité sait faire la différence entre un divertissement et une réalité, il ne suffit que d’une seule personne trop influençable se déconnectant de toute réalité pour que les unes des journaux titrent des faits si choquants.


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Dexter, quand le Gentil est le Méchant



Une Responsabilité Sans Faute de la part des Divertissements.

Nous l’avons vu, les studios de cinéma et de télévision cherchent avant tout à satisfaire la personne devant l’écran, leur clientèle, et c’est pourquoi depuis le début de la décennie un virage s’opère à grande vitesse :
Le petit écran d’abord, avec des sujets sur la Mort elle-même (Six Feet Under), sur le Terrorisme (24), sur le sexe (Californication), etc…
Il y en a pour tous les goûts, et surtout pour les goûts du téléspectateur du 21è siècle !
Alors que rétorquer ? Les limites sans cesse repoussées dans les séries paraissent légitimes car leurs audiences sont plus qu’honorables !
Devrait-on dénoncer ce que nous apprécions nous-mêmes ? Ce serait le summum de l’hypocrisie, à n’en pas douter.
Les choses évoluent, c’est un fait, et s’il y a dix ans encore être fan d’un assassin pouvait sembler inconcevable, aujourd’hui cet assassin à sa place en prime time et ça marche !

Le cinéma ? Et bien là aussi il y a une évolution avec un atout donné aux films proches de l’actualité.
La Violence elle-même est le sujet du film « oscarisé » en 2008, à savoir « No Country For Old Men », un pur chef d’œuvre soit dit en passant.
The Dark Knight tourne autour du Terrorisme, nous l’avons déjà dis, et c’est le plus gros succès de 2008.

Il y a un paradoxe à établir entre l’offre et la demande, c’est incontestable : le public veut du spectaculaire, et on lui en donne, qu’importe soit les conséquences éthiques.
L’audience prime sur le message, mais ce n’est que pur logique finalement.

Oui, ce qu’il s’est passé en Belgique est horrible, oui le criminel (si j’appliquais strictement les règles de Droit je devrais m’en tenir à « Suspect » mais vu les circonstances je ne pense pas trop m’avancer en le qualifiant ainsi) s’est inspiré d’un personnage cinématographique, oui c’est en voulant se prendre pour lui qu’il est arrivé à faire un tel acte.
Mais comment porter toutes les critiques sur un film quand l’on remarque que le problème vient plutôt de la personne elle-même ?

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Recueillement à Termonde après la tuerie

Les mœurs évoluent, les attentes de chacun évoluent.
Les médias ne nous donnent que ce que nous voulons, au final, et bien que cela fasse conclusion bâclée, on ne peut retenir qu’une chose :
Il incombe à chacun de nous de voir ces divertissements tels qu’ils sont, c’est-à-dire de simples divertissements, et non des messages subliminaux dictant nos actes futurs.

Sources :

Le Joker ?

http://www.lunion.presse.fr/index.php/cms/13/article/241618/Tuerie_dans_une_creche____l_hypothese_du___Joker__


Il tue comme Dexter...

http://www.lepost.fr/article/2009/01/08/1379162_fan-de-dexter-il-tue-sa-victime-comme-dans-la-serie.html

21 décembre 2008

Saison 1 / Episode 9 : La Mort au Bout du Clic

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C'est après une période pour le moins mouvementée (je suis étudiant en troisième année de droit, ce qui inclut le passage d’examens) que je reviens sur ce blog avec plusieurs sujets dans ma hotte.

Cette semaine, un adolescent est décédé après avoir voulu retranscrire une scène vue sur internet, l'amenant à s'étouffer avec un sac en plastique.

Il y a à peine deux semaines, une chaîne anglaise à créée la polémique en diffusant un reportage racontant le suicide d'un malade incurable, filmé en direct.

Au diable l'éthique, vive le show, tuons les malades incurables en live, donnant des idées morbides à la nouvelle génération, ça fera de l'audience et un joli cadeau de noël pour tout téléspectateur aimant l'émotion pure !

Avant de crier au scandale, il va falloir remettre en cause la relation entre les médias et la mort (sujet bien particulier en cette période de fêtes, je vous l'accorde) car cette année fut émaillée par de nombreux faits divers tous plus ou moins liés aux médias, notamment les vidéos publiées sur internet, et accessibles à tous.

Entraînement au tir d'un adolescent avant d'aller fusiller ses camarades de classe en Finlande, vidéos donnant de mauvaises idées de jeu à des collégiens, suicides en direct (on y arrive tout doucement), et même des accidents mortels filmés sans intention particulière (si vous recherchez des mots tels que "Accident Mortel" ou « Crash » sur Dailymotion, vous en aurez pour votre argent...).

Quand un groupe de rap insulte l'instrument judiciaire dans un clip, l'opinion publique s'émeut, l'affaire se retrouve devant les tribunaux et la vidéo est immédiatement retirée du site (cf. "Une nouvelle pierre apportée à l'édifice de la libre expression" et le passage sur le clip en question).
Pourtant, lorsque nous voyons une personne physique décéder sous nos yeux ébahis, nous ne nous offusquons guère, et on va même cliquer sur l'une des vidéos proposées par le site, en rapport avec le sujet, pour en prendre un peu plus plein les yeux.

Bien que l'objectivité soit la règle d'or de ce blog, il va être difficile de ne pas prendre parti sur un tel sujet, mais nous allons faire un effort en rappelant que l'émotion n'est qu'un leurre.

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L'auteur de la fusillade en Finlande

Veuillez saisir votre recherche : Mort.

Il n'est pas question de faire le procès d'un site internet ou d'un autre, mais bien de constater et penser la réalité des faits.

Nous sommes face à une situation pour le moins atypique : nous avons désormais accès, dans une société où finalement tout est possible, à des vidéos montrant le décès d’une ou plusieurs personnes, sur des sites internet comme sur nos écrans de télévision.

Comment concevoir que l’on puisse légitimer cela ? N’est-ce pas le problème le plus extrême auquel nous puissions être confrontés ?

Un site permettant de visionner des vidéos de toute sorte doit-il être pointé du doigt lorsqu’il propose des contenus choquant ? A qui incombe la responsabilité ?

Quand l’on s’inscrit sur ce genre de site afin de mettre des vidéos en ligne, il est bien précisé que nous sommes responsables du contenu des vidéos en question.
Néanmoins, quand une vidéo défraie la chronique et fait la Une de l’actu, c’est plus souvent le site, qui n’a pourtant qu’un rôle passif, qui est vu comme véritable responsable, l’opinion publique ne comprenant pas comment il a laissé circuler une vidéo si immorale.

Autre point remarquable, les sites permettent de « noter » les vidéos quant à leur pertinence, et on peut se demander ce qu’il advient de penser quand une vidéo « mortelle » est notée cinq étoiles, appréciation donnée uniquement par les visionneurs.

Aurions-nous perdu le sens de l’éthique ?

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Pour qu’une chaîne de télévision n’hésite pas à diffuser un reportage sur le suicide assisté d’un malade incurable, il faut avouer que la seule motivation de l’audience paraît bien mince (même si cela suffit à certains PDG de chaînes télévisées, à n’en pas douter).

Quel est le but de la personne mettant la vidéo en ligne, ou d’une chaîne diffusant un tel reportage ?
Le côté sensationnel ? A première vue ça ne peut être que ça. Quoi de mieux pour avoir des sensations fortes que d’être confronté à la mort elle-même, par le biais d’un écran ?
Le côté compassionnel ? Mince argument il est vrai. Montrer au public le suicide assisté d’un grave malade peut amener sur la scène le débat éternel de l’euthanasie et son utilité (cf. « Quand l’Euthanasie devient Droit »), aller contre l’émotion voulant que cette technique soit à éviter pour voir plus loin, malgré son caractère négatif.
Et que dire des personnes cherchant ce genre de vidéo, affamées par toujours plus de sensation fortes qu’elles essayent de retrouver dans le regard de futurs condamnés à mort ?

Qui est à dénoncer ? Celui qui rend la vidéo accessible au public ? Le site qui doit pouvoir contrôler un minimum son propre contenu en faisant preuve de bon sens ? Le visionneur qui assouvit le désir pervers de partager la mort d’autrui ?

Quant au site, il est intéressant de se confronter au dilemme : responsable ou non ?
Les sites comme Dailymotion, Youtube et autres ont le vent en poupe depuis plusieurs années, et le nombre de vidéos postées chaque jour sur ces deux sites avoisine sans doute la centaine de milliers.
Sites victimes de leur succès ? Trop de vidéos pour pouvoir déceler celle qui ne devrait pas être visible du public ? Sans doute.

Il ne semble pas y avoir de limites sur la toile, dès lors impossible de savoir qui est à punir, sauf si on donne un aspect juridique à tout cela, et là je vous propose de nous lancer dans une étude d’anticipation…

Un futur déjà écrit ?

Cette semaine aussi, les médias ont dirigés leur lumières sur la décision rendue concernant les lettres envoyées aux conducteurs ayant violés le code de la route : une lettre recommandée est le seul outil donnant effet juridique. Une lettre non recommandée ne peut être reconnue comme étant reçue officiellement par l’interpellé et donc tous ceux ayant perdus des points peuvent se prévaloir de cette décision et prétexter ne pas avoir d’élément juridiquement viable prouvant leur culpabilité.
Avant que tous les conducteurs fautifs puissent recouvrer leurs points ou récupérer le montant de leur amende, il y a encore un fossé important, mais le débat est lancé.

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Qui aurait pu penser que nous rencontrions un jour un tel cas ? Cela paraît si risible de dire qu’on ne peut pas régler sa dette car la lettre lié à cette dette n’est pas recommandée et, pourtant, un bon avocat a trouvé la faille et a eu gain de cause grâce à cela.

A quand un procès imputé au site en question pour préjudice moral ?
Voilà où je veux en venir.
Les moyens des parties lors des procès peuvent parfois paraître dérisoires, mais à y voir de plus près, le bon sens peut amener à leur donner une véritable force.
Aurons-nous un jour affaire à une personne intentant un procès à un site de renommée mondiale pour préjudice moral découlant du visionnage d’une vidéo choquante ? Pourquoi pas.

Bien sûr, en cliquant sur « lecture », la personne donne en quelque sorte son consentement afin de voir la vidéo, mais toujours est-il que le préjudice moral peut être invocable.

Evidemment, il faut être réellement choqué pour cela (voir sur un site la vidéo d’un proche décédant dans un accident de voiture, c’est pour le moins un choc, non ?), mais rien n’est impossible, nous l’avons déjà vu à de maintes reprises.

Ouvrez les yeux et les oreilles car, dans un futur proche, les procès contre les sites mettant à disposition ces vidéos pourraient bien fleurir comme bourgeon au printemps.
Après tout, il suffit de faire un tour sur le web pour dénicher de plus grosses énormités…

Sources :

Un suicide à l'anglaise.

http://www.lesinfos.com/index.php/2008/12/10/841-un-suicide-assiste-diffuse-ce-soir-a-la-tele-anglaise


Un jeu morbide.

http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5gQ--A8Ut4QHsd6XVOVyA_tY70tbg

17:48 Publié dans Médias | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mort, vidéo, sites

09 décembre 2008

Saison 1 / Episode 8 : Du Bon Usage de l'Emotion (?)

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Une nouvelle fois, nous avons vécu le week-end médiatique le plus remarqué de la fin d'année, avec la diffusion du Téléthon et de l’élection de Miss France.
Chacun de ces événements avait un parfum particulier cette fois-ci, l'un qui se devait de faire bonne figure malgré la crise économique actuelle, et l'autre qui mettait un point final à une année de discorde au plus haut rang.

Je précise dès maintenant que je ne vais pas m'attarder sur une analyse pointue de l'élection de la prétendue plus belle femme de France (car dans ces circonstances toutes les femmes mesurant moins de 1,70m ne le sont pas, une énormité cela va sans dire).

Les médias nous prouvaient une nouvelle fois à quel point le pur show paie et nous avions donc le choix entre plastique et éthique, la silhouette de très jolies femmes et la règle de bon sens afin d'aider les malades.

Je vous avais prévenu, afin d'user de la liberté d'expression à bon escient, je m'efforcerais de ne pas me fixer de limites, et tant pis si mes propos choquent certains.

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Chloé Mortaud, Miss France 2009 et la Dame au Chapeau


Sensualité VS Compassion.

Le téléthon est devenu une véritable coutume, au même titre que l'élection de Miss France, mais évidemment pas pour les mêmes raisons.

Ainsi, tandis que plus d'un demi-million d'appels et de sms payant était destinés à TF1 pour départager deux femmes, d'autres ont fait des dons afin de faire avancer la recherche.

Comme quoi, chacun utilise son argent à bon escient, et surtout selon son bon vouloir...

Nous pouvons noter un paradoxe quant à la grande disparité entre ces deux événements : d'un côté, une magnifique femme que nous reverrons de temps en temps durant l'année, et de l'autre des enfants que nous aimerions ne pas voir tant leur souffrance est injuste.

L'utilité est pourtant le facteur qui semble faire primer le Téléthon, destiné à trouver des solutions pour guérir les maladies touchant bien trop souvent les enfants, et en face un concours de beauté s'apparentant en comparaison à une supercherie.

En une soirée, la télévision a donc livré ce qu'elle avait de meilleur à offrir, à savoir un relais des plus efficaces à des fins honorables, mais aussi le pire avec un concours de beauté d'une assez plate importance (sauf si la nouvelle Miss a réalisé des photos sympathiques, ce qui pourrait lui faire une bonne campagne médiatique durant l'année à venir).

Que les deux événements se déroulent le même soir, c’est peut-être un simple hasard du calendrier, mais toujours est-il qu'il rend la situation assez intéressante.

Néanmoins, il convient de se pencher de plus près sur le Téléthon car s'il semble être le meilleur élève des prime time (c'est tout de même autre chose que « Qui peut battre Benjamin Castaldi ?»), nous allons devoir dépasser l'émotion que suscite un tel programme pour décoder l'émission en elle-même.
De ce fait, nous allons remarquer que, finalement, le pire de la télévision ne se trouvait peut-être pas sur TF1...

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Au-delà des apparences.

Je n'attaquerais pas la finalité du Téléthon, qui est d'une importance cruciale en vue de faire progresser la recherche, mais je ciblerais plutôt les codes utilisés car une fois dépassé l'aspect vital, il n'en reste que c'est le meilleur exemple de la manipulation des émotions par les médias.

Cette année, le Téléthon avait la pression. Après la crise financière mondiale et le problème existentiel du Droit au Logement, parvenir à faire débourser une centaine de millions d'euros à des français ayant le moral dans les chaussettes au pied du sapin relevait du Challenge.

Pourtant, cette année encore, le taux flirte avec la barre symbolique des 100 millions d’euros.

Le téléthon, comment ça marche ?

Tout d’abord, comme le problème des SDF vu dans « La Froideur de la Mort », c’est une actualité qui revient annuellement pendant le premier week-end de décembre, pour ensuite hiberner les 363 jours suivants (les médias parlent-ils des maladies nosocomiales en juillet ?).

Ainsi, les présentateurs se retrouvent-ils plus de 24 heures durant à prêcher pour une cause dont ils ne diront mot au cours de l’année.

Les plus mauvaises langues critiquent le Téléthon en ce que cela rime avec une surexposition d’enfants malades.
Ils n’ont pas tort, mais le problème est bien là : comment faire avancer la recherche sans démontrer les conséquences des maladies évoquées durant l’émission ?

Il convient donc de se demander si les médias peuvent dépasser la limite de l’acceptable afin de pousser à donner encore et encore.

Le plus frappant samedi soir, ce fut les moyens utilisés pour engranger des dons alors que le compteur était à la traîne : une présentatrice martèle le slogan « 36 37 » avant d’envoyer un reportage sur un enfant victime de vieillissement accéléré de la peau, sans doute l’un des reportages les plus choquant du week-end, très convaincant pour qui hésitait faire un don.

On peut alors se demander si le recours à l’émotion, même dans un but louable, doit-il être encadré ?

Evidemment, nous parlons du Téléthon, mais les médias ne peuvent-ils pas user de cette force de dissuasion dans d’autres buts beaucoup moins glorifiant ?

Un slogan martelé jusqu’à l’asphyxie, des phrases démagogiques qui s’enchaînent sur un bandeau interminable, des vidéos de plus en plus trashs, où se situe la limite ?

Surtout, point primordial que tout le monde doit savoir : tous les dons réalisés au cours du week-end ne sont pas définitifs.
En effet, même si certains doivent le savoir, n’imaginez pas que les 95,2 millions d’euros récoltés sont déjà dans les poches des différentes associations, loin de là.
« Promesses de Don », voilà ce que c’est, des promesses. Dès lors, sur les 95,2 millions, combien seront réellement récoltés ? Nous ne le serons jamais…

Le Téléthon reste cet instant de solidarité où nous pouvons tous aider la science, mais les moyens utilisés amènent à réfléchir sur la manipulation des émotions faite par les médias.

L’an prochain, regardez de plus près les codes du Téléthon, et espérez que ce système ne soit pas généralisé à des émissions moins honorables.

Sources :

Les Miss battent les Malades

http://www.tele7.fr/tv/news-tele/audiences-tv-l-election-de-miss-france-couronnee-de-succes/(gid)/675240


Un Téléthon en forme

http://www.tele-2-semaines.fr/contenu_editorial/pages/echos-tv/3146-avec-952-milions-d-euros-de-dons-le-telethon-frole-le-chiffre-2007