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11 août 2009

Saison 1 / Episode 30 : Je t'aime... moi non plus.

 

 

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Il y a deux mois, les élections européennes donnaient l'occasion aux électeurs français de désigner leur représentants au Parlement Européen pour les 5 prochaines années.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce vote n'a pas déchaîné les foules.

60 % d'abstention chez nous, pour un scrutin définissant le paysage politique européen, soit 27 pays et près de 500 millions de citoyen, ce n'est pas très honorable.

Et encore, ce phénomène a touché l'ensemble des pays concernés.

La France, comme à son accoutumée, à répondue à une question qui ne lui était pas posée.

Les médias et les politiques eux-mêmes ont trompé l'opinion publique en faisant de cette élection ce qu'elle n'était pas.

J'ai moi-même voté (je suis très consciencieux), réalisant ce que j'estime être mon simple devoir de Citoyen.

Pourtant, ce vote démontre un paradoxe fort embarrassant pour nos contrées hexagonales.

 

Comment fut perçu ce vote en France ?

Quel était son utilité ?

Qui a vraiment gagné ?

 

Ces questions, on aurait dû se les poser dès le lendemain des élections, et les réponses auraient été assez saisissantes.

 

Tout d'abord, commençons par le principal problème : ce qu'ont vu les électeurs à travers ce vote.

 

L'enjeu, pourtant simple, était de désigner les parlementaires européens français qui siègeraient à Strasbourg, en compagnie de ceux choisis par les 26 autres pays de l'Union.

L'enjeu, dès lors, n'était pas la Politique française en crise, la déferlante UMP, l'agonie du PS, mais bien l'orientation donnée à l'Europe pour son plus proche futur.

Pourquoi les médias en ont-ils fait une élection seulement à portée nationale, faisant défiler les têtes d'affiche des différents partis, têtes d'affiche qui, soit dit en passant, étaient totalement étrangères aux élections car aucun ne risquait d'être élu à Bruxelles.

Et oui, à ce stade, qui peut me citer (de mémoire) un des candidats élus au Parlement, Dati et Barnier mis à part ?

En effet, difficile de s'y retrouver lorsque l'on doit voter pour un tel, alors que c'est Cohn-Bendit, Bayrou, Aubry ou Bertrand qui sont mis en avant, c'est-à-dire des personnalités politiques certes, mais pas celles pour qui on doit voter !

 

Mieux, quand une tête d'affiche se retrouve élu au Parlement, comme par exemple Brice Hortefeux, elle s'empresse de trouver un prétexte pour se débarrasser de cette élection et rester dans son Ministère.

 

Dès lors, que voient les électeurs ? Une élection à forte teneur nationale, un nouveau pamphlet anti-Sarkozy pour les uns, une énième crise du PS pour les autres.

Pas de chance, l'enjeu n'était pas national, mais bien européen.

 

Ainsi, le Rosé aura attirer l'attention, tout comme le clash Cohn-Bendit/Bayrou, ou encore les tensions entre Aubry et Royal.

Quid de la notion de citoyenneté européenne ? Quid d'un projet à grande échelle intéressant chaque citoyen de la zone Euro ? Rien.

 

Les élections européennes, grâce aux médias et aux personnalités politiques elles-mêmes, sont devenues une élection nationale : Sarkozy VS Gauche, Verts VS Modem.

 

Certains diront que cela est logique, que la moindre élection est prétexte à remettre en question le pouvoir en place.

Oui, mais si ce sont des élections nationales, ce qui n'était pas le cas ici.

 

 

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Autre problème de taille, rejoignant le précédent : l'utilité de cette élection.

 

La « citoyenneté européenne » est en crise, elle aussi. Tout simplement car elle n'a pas encore prit toute sa force.

Nous sommes des « citoyens français », voilà quelque chose qui trouve un écho : 1789, Droits de l'Homme, Napoléon, Occupation, Résistance, etc... Autant de moments historiques qui donnent du sens à cette expression, nous sommes liés par la même histoire, le même passé, la même culture.

 

Maintenant, nous sommes des « citoyens européens ».

Ok, c'est bien gentil, mais qu'est-ce que cela signifie ? Une histoire commune ? Des valeurs partagées ? Des liens forts entre nos 27 pays ?

Non, nullement.

Le 9 mai 1950, Robert Schuman voulait une Europe Politique.

Le 7 juin 2009, nous en sommes toujours au stade d'Europe Économique : Schengen, l'Euro, la multitude de pays, tout cela est bien d'un point de vue économique, mais ça ne dessine en rien une histoire, un « Vécu » européen, quelque chose nous rendant fier de dire « Je suis un citoyen européen ».

 

Et ces élections l'ont parfaitement démontrées : l'abstention atteint un sommet, et cela renvoie naturellement à l'utilité de ce vote : à quoi servait-il d'élire les députés européens ?

Et là, malheureusement, je ne peux être que pessimiste car la force du Parlement européen est justement un des débats des plus controversés...

Le moteur de l'Union Européenne, c'est la Commission Européenne (comme le Gouvernement à échelle nationale, pour résumer). Le Parlement est l'institution la plus paradoxale car ce sont bien les citoyens européens qui les élisent, mais les idées viennent de la Commission, reléguant le Parlement à un rang d'acteur passif.

 

On a choisi des élus qui ne diront que Oui ou Non aux propositions de la Commission, mais ne proposeront jamais rien.

Je caricature, mais le climat actuel à l'échelle européenne en est vraiment proche.

 

Alors, pour le peu d'électeurs qui se sont intéressés aux élections (4 personnes sur 10), où trouver la motivation nécessaire pour aller au Bureau de Vote ?

On vote pour des listes connues de tous, certes, mais on ne connaît pas la personne en tête de liste, la seule personne du Parti qui en parle à la télévision n'est même pas nommée dans la liste, et en plus les personnes pour qui on vote ne vont quasiment rien faire durant leur mandat, à part faire des allers-retours Strasbourg – Bruxelles !

 

Aujourd'hui, on en est là : on Vote pour quelque chose qui ne nous intéresse pas, car cette même chose ne s'intéresse pas à nous.

 

 

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Daniel Cohn-Bendit

 

Enfin, et là un autre paradoxe est à souligner, le vainqueur des élections.

Qui est-ce ?

99,9 % des réponses seront soit l'UMP, soit Europe Ecologie.

Faux...

Le Parlement Européen est actuellement dominé par le « Groupe du Parti Populaire Européen », traduction pour « UMP » je vous l'accorde, à l''échelon européen.

La Gauche est aussi présente, mais en tant qu'« Alliance progressiste des socialistes et des démocrates au Parlement européen ».

Les Verts, bien que très en vue dans l'hexagone, ne pointent qu'en 4è position, derrière l'équivalent du Modem.

 

Le paradoxe dans le paradoxe ? Tout le monde ici à voulu faire de cette élection européenne une élection française, et donc l'anti-Sarkozysme était fort présent.

L'opinion publique ne faisaient plus les yeux doux au Président (voir la côte de popularité), les Partis politiques en avaient fait une proie, quelque soit leur programme.

Et pourtant, c'est le Parti du Président qui gagne, loin devant le PS.

 

La Politique à de charmant que rien n'y est prévisible.

Encore faut-il savoir si cette imprévisibilité est due à des réflexions fortes de la part des électeurs, ou à une incompréhension générale.

 

En 2005, le « Non » au Référendum sur le Traité instituant une Constitution pour l'Europe (et non pas le « Non » à la Constitution Européenne, ce qui est différent) avait sonné en France comme un message destiné à la Politique de Chirac, non comme un réel rejet de l'Europe.

Là encore, on avait détourner le vote de son but...

En 2009, on remet ça.

 

Histoire de se rendre utile, voici les noms des principaux vainqueurs, par circonscriptions, ceux pour qui vous avez voté :

- Nord-Ouest : Dominique Riquet (Majorité Présidentielle)

- Ouest : Christophe Béchu (Majorité Présidentielle)

- Est : Joseph Daule (Majorité Présidentielle)

- Sud-Ouest : Dominique Baudis (Majorité Présidentielle)

- Sud-Est : François Grossetête (Majorité Présidentielle)

- Massif Central-Est : Jean-Pierre Audy ( Majorité Présidentielle)

- Île-de-France : Michel Barnier (Majorité Présidentielle)

- Outre-Mer : Marie-Luce Penchard

 

Après les résultats des élections, Benoît Hamon aura cette réflexion qui en dit long sur l'incompréhension qui règne entre enjeux politiques, électeurs est médias :

 

« Si on cumule tous les scores des partis de Gauche, la Gauche est largement devant l'UMP. »

 

Décidément, en France, on répond à côté de la question et on vote à côté de l'urne...


Sources :

Le Parlement Européen

Pour ceux qui veulent savoir pour qui ils ont voté

22:23 Publié dans France | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, europe, vote