Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14 novembre 2009

Saison 2 / Episode 2 : Du Devoir de se Taire.

marie1.jpg

Lors de la saison 1, on avait vu la liberté d’expression des personnalités à travers « Sujets sensibles s’abstenir ».

 

Cette semaine, on pourrait remettre le couvert avec Marie Ndiaye, prix Goncourt 2009, et le Devoir de Réserve que réclame Eric Raoult à la suite de ses propos.

 

Jugeant « Monstrueuse » la France de Sarkozy avec des hommes tels que Hortefeux ou Besson, elle a préférée partir vivre de l’autre côté du Rhin dès le résultat des présidentielles 2007 connu.

 

Eric Raoult, qui ne manque pas une occasion de lancer une polémique, lui demande de se soumettre à un Devoir de réserve, suite à l’obtention du Goncourt.

 

Qu’est-ce qui cloche ? Parce qu’elle est placée sous les feux des médias, Ndiaye ne doit pas trop parler ? Raoult s’est-il piégé lui-même à son propre jeu ? Mitterrand a-t-il bien fait de botter en touche au lieu de reprendre Raoult ?

 

 

raoult.jpg

 

 

Le Devoir de Réserve existe-t-il ? Non.

 

Et oui, premier constat assez fort : le Devoir de Réserve n’existe pas en Droit Administratif français, officiellement.

Seuls les fonctionnaires et les militaires sont soumis au Devoir de réserve, mais il n’est lui-même pas défini clairement.

 

Si on devait donner un sens à cette expression, en s’appuyant sur les faits, on pourrait le voir comme le Devoir de réserver sa parole, le devoir, donc, de se taire.

 

Pas très glorieux comme Devoir, surtout si on veut l’appliquer à un écrivain comme Marie Ndiaye.

 

Alors, que sous-entendait Raoult en déclarant que le Goncourt 2009 se doit d’être soumis au Droit de se Taire ? Dur de voir ici quelque chose d’honorable.

Elle bénéficie d’une mise en avant dans les médias, gagne une notoriété forte en gagnant le fameux prix littéraire, et on ressort une de ses anciennes déclarations pour la pointer du doigt.

Pour Raoult, le fait de porter sur ses épaules une notoriété nouvelle devrait donc rimer avec l’obligation d’avoir des propos modérés.

Embêtant car un écrivain est justement réputé pour pouvoir dire des choses de manière libre, la liberté de s’exprimer est dépendante de la liberté d’écrire.

 

Si Ndiaye critique le Gouvernement et le Président, n’est-ce pas son Droit ? Devons-nous lui demander de se taire et de ne surtout pas égratigner le régime en place car elle a acquis le statut de personnalité reconnue ?

 

Raoult se veut être le défenseur du Pouvoir en place, pourquoi pas, mais là il s’est trompé de chemin et on trouve difficilement des arguments en sa faveur.

 

 

mitt.jpg

 

 

L’exemplarité comme argument légitimant les propos de Raoult ?

 

Si Marie Ndiaye parle, elle sera dorénavant plus écoutée que M. Dupont ou M. Durand, c’est évident.

 

Soyons objectif et voyons si l’on peut défendre Raoult.

 

Critiquer ouvertement le Pouvoir en place, ce n’est pas joli joli, ok.

Mais, n’est-ce pas la caractéristique même d’une Démocratie de laisser à chacun la possibilité de s’exprimer sur tout ?

 

Mitterrand, bien embarrassé et ne voulant pas trancher la question, aurait pu se protéger derrière cela : oui, les propos de Ndiaye sont forts, mais le propre d’une Démocratie est de la laisser d’exprimer.

 

Raoult, voulant sans doute retrouver une place au 20h et montrer au Président qu’il est toujours là pour le soutenir, s’est trompé de débat.

Ce ne sont pas les propos de Ndiaye qui sont à blâmer, mais plutôt son opinion qui est à analyser.

 

En effet, quand l’on voit que le Goncourt 2009 préfère s’exiler plutôt que de rester dans son pays de cœur, on peut se poser des questions.

 

Ici, Raoult préfère jouer les chiens méchants : Tu as une influence, tu ne dis pas ce que tu veux !

Le problème, c’est que les propos de Ndiaye ne sont pas choquants non plus. On est loin d’une chanson d’Orelsan et de l’expression libérée, ou même de Kassovitz et du problème d’opinion heurtant les bonnes mœurs.

 

L’opinion publique semble avoir prit la défense de Ndiaye (ce qui ne signifie pas non plus qu’elle est le même avis qu’elle), la liberté d’expression étant présente et les propos n’étant pas les plus scandaleux qu’on est pu entendre sur le Pouvoir en place.

 

Si Raoult veut reprendre chaque personnalité critiquant le Pouvoir en place et écrire une lettre à Mitterrand afin de demander qu’ils se soumettent au Devoir de Réserve, la boîte aux lettres du Ministre de la Culture n’est pas prête de désemplir…

 

Raoult aurait peut-être dû se demander si ce n’était pas à lui de se soumettre au Devoir de Réserve pour éviter de déraper ainsi…

 

Comme dirait l’autre : les chiens aboient, la caravane passe.

 

Sources :

 

Ndiaye, écrivain rebelle


Raoult ne regrette rien

 

Marie Ndiaye devait-elle s'abstenir ?


16:07 Publié dans France | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : goncourt, ndiaye, raoult