20 avril 2010
Saison 2 / Episode 9 : Radicalité précautionneuse
Pour les lecteurs habituels de ce blog, vous aurez remarqué que le principe de précaution, à travers notamment l’exemple des célèbres antennes-relais, amène de nombreuses dérives.
Aujourd’hui, les médias commencent à envisager l’hypothèse selon laquelle les mesures drastiques prises suite à l’éruption du volcan islandais auraient été exagérées.
Il est vrai que paralyser tout le trafic aérien semblait être la solution la plus logique vu l’ampleur que prenait le nuage de cendres.
Mais, une semaine après, on en vient à remarquer, comme à l’accoutumée, que le risque n’était pas si intense que cela.
Néanmoins, il n’en reste que des millions de personnes, dont une centaine de milliers de français, ont vu leur quotidien suspendu pendant des jours.
On ne va pas débattre sur l’utilité de paralyser tout le trafic aérien, mais sur l’utilisation du principe de précaution.
Ah, ce fameux principe !
Les antennes-relais lui ont donné ses lettres de noblesse. Fallait-il enlever les antennes-relais à proximité d’habitations ou d’écoles, sous prétexte que des personnes se sentaient malades à causes de celles-ci ?
Le principe de précaution entrait en jeu, même si les experts confirmaient que le risque de tomber malade à cause de tels engins était quasi-inexistant, et que l’on semblait oublier d’autres appareils potentiellement aussi dangereux, mais bien plus utile à chacun dans sa vie de tous les jours (téléphone portable dans la poche toute la journée, télé à forte dose, etc.).
Aujourd’hui encore, les avis divergent. Et nous sommes encore loin d’avoir trouvés une réponse à cet épineux problème.
La grippe A, on n’en a pas beaucoup parlé sur ce blog. Normal, vu que pendant 6 mois nous faisions une indigestion quotidienne d’actualité en rapport avec ce sujet.
On pourrait rapprocher ce fait du principe de précaution, tant l’exagération fut extraordinaire. Rien que le budget dépensé par Mme Bachelot (qui doit encore rendre des comptes ces jours-ci sur ce thème) pour l’achat de masques suffit à démontrer à quel point on perd tout raisonnement face à la peur de l’inconnu.
Et voilà donc le volcan islandais. Il empêche le monde de tourner, les avions de décoller et Lech Kaczyński de se faire enterrer.
On voit ainsi à quel point la société est en train d’user de ce principe de précaution, à toutes les sauces et à n’importe quel prix. Evidemment, la conception française du principe de précaution n’est pas la même dans tous les pays, et c’est pourquoi il convient de seulement parler ici de « précautions ».
A force de multiplier les craintes, le monde du 21e siècle en arrivera à des situations malencontreuses, c’est certain. La radicalité n’est pas la bonne solution et, à force de crier au loup, on en viendra à prévoir un évènement comme un « nouveau fait ramenant au principe de précaution » et nous n’y attacherons pas l’importance qu’il mérite.
En usant des mêmes méthodes à chaque alerte, on banalise l’exceptionnel. A force de penser que la précaution radicale, puisque c’est comme cela que l’on doit appeler ce qu’il se passe sous nos yeux, est l’arme ultime pour contrer chaque crainte, on n’aura de cesse de tomber dans l’exagération, dans le parodique, avant de se demander, comme actuellement : « On n’en aurait pas fait un peu trop ? »
D'après vous, les instances en ont-elles trop fait ?
Sources :
17:44 Publié dans Monde | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : volcan, précaution
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