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05 mars 2009

Saison 1 / Episode 23 : Jeux de Mains...

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Il n’aura pas fallu attendre bien longtemps avant que l’un des sujets que j’évoquais dans « Quand la Réalité supplante la Fiction », à savoir les jeux vidéos, se retrouve sur le devant de la scène médiatique.

Un enfant de 5 ans qui poignarde sa sœur de 10 ans, il y a de quoi rester perplexe devant un tel fait divers.

Les médias, toujours très attentifs aux faits trashs pouvant faire naître une polémique, mettent cette histoire sous leurs projecteurs et nul doute qu’on en entendra parler pendant un petit moment encore.

Comme à l’accoutumée, nous allons mettre l’émotion de côté et aller explorer la face cachée de cette actualité, à savoir la responsabilité rejetée sur les jeux vidéos.

La plupart des journalistes ont déjà trouvés leur proie, et il faut avouer qu’elle est désignée de toute part : un enfant déjà accroc et des violences récurrentes qui font de plus polémiques, il n’y a pas à chercher plus loin, la console et ses jeux sont responsables du coup de couteau.

Bien qu’ayant moi-même eu ma période jeux vidéos (et à 20 ans il m’arrive encore d’y toucher), il sera peut-être difficile de rester objectif comme d’habitude.
Pourtant, même si la part des choses sera faite, il faudra concevoir que ce n’est pas un rapport dualiste enfant / jeux vidéos qui est à analyser, mais plutôt une relation triangulaire enfant / parents / jeux vidéos.

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Le Procureur de Thionville

Une violence à portée de main.

Les jeux vidéos (dont le Chiffre d’Affaire Mondial dépasse celui du Cinéma depuis 2002, tout de même) sont des outils de divertissement interactif qui, après avoir porté très longtemps l’étiquette « jeux distractifs », acquièrent progressivement la renommée de « jeux matures » et ceux ayant jetés un œil sur les derniers jeux ne peuvent que confirmer mes propos :
Avec le passage à la Next-Gen, à savoir les consoles nouvelle génération telles que la Playstation 3 ou la Xbox 360 exploitant des moteurs graphiques bluffant et les connexions internet pour de nouvelles expériences vidéo ludiques sur la toile, les développeurs ont ainsi vu les frontières du 8è Art (il faudra bientôt l’appeler comme cela) s’éloigner et la possibilité de toucher un nouveau public fut logiquement considérée.

Je ne vais pas faire ici une analyse que ferai bien mieux un expert en jeux vidéos, je veux surtout en venir à la situation d’aujourd’hui : les jeux vidéo que nous connaissions, où Super Mario et autres Zelda se donnaient la réplique, sont en voie d’extinction au bénéfice de jeux résolument plus matures, c’est le mot.
Et cela se traduit, notamment, par des jeux où la violence n’est plus censurée, des jeux où le réalisme est parfois poussé à l’extrême pour immerger d’autant plus le joueur dans le Monde virtuel.

Il n’y a pas eu de surprise l’an passé quant à la distinction du Meilleur Jeu Vidéo de l’année : GTA IV l’a emporté haut la main et c’est un exemple concret de mon propos : Pour les profanes (pourtant difficile de ne pas avoir au moins entendu parler de ce jeu), GTA IV vous plonge dans la peau d’un gangster (on résume, l’histoire n’a pas sont importance ici) menant des missions tels que des trafics d’organes, des meurtres ou encore des deals.
Surtout, et c’est ce qui à fait le gigantesque succès de ce jeu (GTA III, en 2003, avait déjà créé l’évènement), le joueur est lâché dans une ville entièrement modélisée, GTA IV s’inspirant grandement de New York (jusqu’à avoir sa propre Statue de la Liberté et son Ground Zero), et il est libre de faire toutes les actions qu’il souhaite, du simple achat de hot-dog au crime gratuit en passant par les entrevues avec des prostituées.
Le joueur est libre, il fait ce qu’il veut.

Dans « Quand la Réalité supplante la Fiction », nous envisagions l’influence des films et séries sur les personnes pouvant être faibles.
Les jeux vidéo sont à rapprocher de ces deux médias avec des joueurs passant leur journée à tuer et divaguer dans un environnement éblouissant de réalisme.

Que certains perdent le sens des réalités est alors une crainte véritable. Ainsi, quand l’on voit un enfant de 5 ans croyant qu’un couteau de cuisine est un jouet, on est en droit de se poser des questions pour remettre en cause les jeux vidéo et leur impact sur les plus jeunes.

Les jeux sont parés d’avertissement depuis plusieurs années, avertissements allant jusqu’aux jeux déconseillés aux moins de 18 ans.
Petite parenthèse ici, GTA IV est « déconseillé » aux moins de 18 ans, mais qui ne connaît pas des adolescents ou mêmes des personnes plus jeunes le possédant (il est même concevable de penser que la proportion d’adolescents ayant GTA IV est bien supérieure à la proportion de « majeurs » le possédant) et y jouant religieusement ?

Les jeux vidéo, dans leur désir d’attirer un public excessivement large, deviennent tels des films des objets culturels à ne pas mettre entre toutes les mains.
La violence règne dans les jeux, oui, mais l’éternelle question de la différenciation réel/virtuel serait ici à évoquer. Nous ne le ferons pas car ce n’est pas le propos et parsque nous y reviendrons un de ces jours, à n’en pas douter.

Les jeux vidéo pointés du doigt, on en viendrait à oublier qu’un enfant de 5 ans n’est pas responsable, n’a aucun discernement et, surtout, à des parents !

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Bienvenue à Liberty City

Les parents, rempart ultime et nécessaire.

La cible était trop belle : les jeux vidéo font de plus en plus parler d’eux, se distinguent de plus en plus par leur violence, de force que des psychologues du monde entier sont certains que les jeux feront de nous des criminels.
Un enfant qui poignarde sa sœur car elle ne voulait pas lui prêter sa console ? Sus aux jeux vidéo !

Personne ne semblait s’interroger, lorsque ce fait fut rendu public, de la responsabilité des parents.

Allons, ça ne choque personne qu’un enfant de 5 ans (il n’était pas encore né quand GTA III est sorti !) poignarde sa sœur sans penser une seule seconde à l’attitude des parents ?
Je n’oserai les traiter d’irresponsables, mais il est gênant d’envisager des parents laisser leur enfant devant la console, de sorte qu’il en devienne littéralement accroc.

Voilà donc une chose bien vite oubliée, et pourtant si simple : la responsabilité des parents avant tout.

Je signale ici que nous ne savons pas à quoi voulait jouer le petit garçon, et j’ose espérer que les parents n’ont pas eu l’idée de lui acheter GTA IV pour Noël car ce serait un minimum dangereux.
Après tout, nous n’avons aucune preuve que le petit garçon ne voulait finalement jouer qu’à Super Mario ou à la Wii et ses jeux originaux.

Finalement, plutôt que d’être un nouveau pamphlet envers les jeux vidéo, cette actualité démontre surtout les conséquences d’une défaillance éducative des parents.
Être accroc à la console de jeu à 5 ans, c’est tout de même inquiétant.

Les jeux vidéos ne sont pas à mettre entre toutes les mains, c’est un fait, mais si l’on en vient à les pointer du doigt ce cette façon, nous devrons nous résoudre à faire de même pour les films, les séries et autres médias culturels.

Soyons responsables, ne nous acharnons pas sur une proie trop facile.

!!! Dernièrement, la mère du petit garçon s’est déclarée comme étant la réelle porteuse du coup de couteau.
Cela ne change pas grand-chose à notre analyse puisque si ce n’avait pas été ce fait d‘actualité, un autre aurait amené la même considération.
Surtout, il va falloir songer à éliminer l’élément d’instinct maternel éventuel, la mère pouvant être poussé à vouloir tout prendre sur elle en voyant que son fils fait la Une de l’actualité pour des faits bien sombres…
Wait and See, mais n’allons pas trop vite en envisageant l’affaire déjà réglée !!!


Sources :

http://www.leparisien.fr/faits-divers/a-5-ans-il-poignarde-sa-soeur-pour-un-jeu-video-02-03-2009-427350.php



http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/societe/20090304.FAP8630/drame_duckange_la_mere_mise_en_examen_pour_violences_ag.html

15 novembre 2008

Saison 1 / Episode 3 : Le Dilemme Fou

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Hôpital Psychiatrique Saint-Egrève, Grenoble

Un schizophrène qui s’évade d’un hôpital psychiatrique et va s’acheter un couteau avant d’aller poignarder mortellement un étudiant de 26 ans, voici le triste scénario qui s’est déroulé à Grenoble et qui a fait la Une de l’actualité cette semaine.

Les médias ce sont bien vite emparés de cette information pour relancer le débat épineux de la responsabilité des personnes déséquilibrées.

Il faut avouer qu’un tel fait laisse perplexe.

Néanmoins, malgré la proximité des faits, nous devrons mettre l’émotion de côté afin de ne pas faire preuve d’un jugement faussé.

Alors, comment réagir face à un tel acte ? Comment considérer les personnes déséquilibrées mentalement ? Devons-nous privilégier la prévention en les coupant définitivement du monde extérieur, ou devons-nous mettre en avant la répression en continuant de faire opérer le système actuel mais en les punissant justement en cas de faute ?

La réflexion est ici de mise car il va falloir à la fois jongler avec nécessité et besoin, logique et éthique, Droit d’être un citoyen libre et Droit d’être un citoyen protégé.

Malade mental : Sujet à part ?

Nous n’évoquerons que rapidement la considération d’une personne déséquilibrée par le Droit, civil comme pénal, pour rester dans l’objectivité la plus juste, l’éthique étant primordiale dans un tel cas.

Tout d’abord, le malade mental est « différent » d’une personne normale en ce qu’il n’est pas doté, selon le Droit Pénal comme le Droit Civil, de discernement.

Discernement ?

Le discernement est la faculté de reconnaître distinctement en faisant un effort des sens (vue, ouïe,...) ou de l'esprit, ou de tous ces éléments conjugués.

Ainsi, le malade mental ne distingue pas l’aspect des choses, il ne peut distinguer les bonnes actions des mauvaises, il ne différencie tout simplement pas le bon du mauvais, et c’est là que l’importance de la notion de discernement prend tout son sens : Comment pourrions-nous mettre sur un pied d’égalité une personne comprenant la portée de ses actions et une personne totalement détachée d’un minimum de raisonnement ?

Dès lors, une nette différence apparaît déjà, et elle va grandement influer sur le reste de la réflexion.

Comme l’on dit, « à circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles » et il va sans dire que c’est un moindre mal dans la présente étude.

Rappelons que l’homme ayant poignardé l’étudiant n’en est pas à son coup d’essai : il avait déjà agi de la même sorte trois fois auparavant.
Pourquoi ne pas l’avoir enfermé pour toujours dès sa première faute me direz-vous ?
La réponse est prévisible : car c’est un malade mental, il n’a pas la faculté de raisonnement suffisante, et donc on ne peut le punir comme une personne qui aurait fait délibérément le même geste tout en en ayant bien conscience.

Le débat se situe ici.

Pourquoi ne pas considérer légalement de la même sorte personne capable de discernement et personne déséquilibrée ?

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La personne équilibrée fera elle la faute en sachant que c’est une erreur, qu’elle n’a pas à le faire. Elle a conscience de sa faute avant même de l’avoir effectuée, et ainsi la volonté d’agir la condamne naturellement : elle a agi en son âme et conscience, aurait pu être raisonnable et éviter cela, mais non.
Elle est sanctionnée pénalement, dans le cas d’une tentative de meurtre comme ici par exemple.

Le déséquilibré, lui, ne prend conscience de sa faute qu’après avoir mal agi, et ce dans le meilleur des cas, sinon il agira et quelques heures plus tard il aura déjà oublié son erreur.
Il n’a pas forcément eu la volonté d’agir ainsi, mais il a agi tout de même, ne pensant pas aux conséquences que cela entraînerait.
La personne est placée en hôpital psychiatrique où elle va subir un traitement afin de pouvoir être réintégrée dans la Société.

Si dans les deux hypothèses la conséquence de la faute est un décès, autant la personne étant capable de discernement risque la peine capitale, autant la personne déséquilibrée suivra un programme psychologique afin de ne plus agir ainsi.

Certains l’auront peut-être déjà compris, il y a une énorme contradiction rien que dans la considération du discernement : on punit définitivement, c’est-à-dire à vie, une personne ayant compris qu’elle avait fait une erreur dans un cas, et on va donner une seconde chance, une possibilité de vivre à nouveau en société, à une personne qui ne comprendra peut-être jamais qu’elle a fait quelque chose de mal !

Sous cet aspect, l’émotion semble donc avoir raison, sans besoin de raisonnement : l’injustice est faite qu’un déficient mental puisse s’en tirer malgré l’horreur de ces actions, alors qu’une personne « psychologiquement supérieure » traînera tout au long de sa vie, comme un boulet, son erreur.

Malade mental : Citoyen avant tout.

L’accent doit dès lors être mis sur la finalité des hôpitaux psychiatriques.

Des « prisons pour malades » ? Pas sûr.

Les hôpitaux psychiatriques, bien qu’ils se doivent de contenir certains éléments écartés de la société, se doivent aussi de rendre possible la réintégration en société de l’individu et pour cela toutes les solutions sont envisageables, notamment, lorsque l’état de la personne le permet évidemment, des permissions de sortie pour aller faire un tour en ville.

cornierchefservice.jpg Le Professeur Cornier, Chef de Service de l'hôpital psychiatrique de Saint-Egrève

Le Monde à l’envers ? Du moins ça y ressemble : Une personne potentiellement dangereuse sans qu’elle-même ne puisse s’en rendre compte mise en liberté dans une ville !
Précisons ici que le déséquilibré de 56 ans avait beau s’être évadé de l’hôpital psychiatrique, il faisait l’objet de permission comme tout autre « patient », alors que son lourd passé était connu de l’établissement.
Devons-nous craindre pour notre propre sécurité ?
Cela relèverait de la paranoïa de répondre ici par l'affirmative. En effet, il aura, malheureusement, fallu attendre un tel drame pour que les lumières des médias pointent cette situation.
Néanmoins, force est de constater que d'autres agressions du même genre ne sont pas monnaie courante, et donc la paranoïa, si facile à faire naître en chacun, se doit d'être écartée.

Alors, serait-ce la paranoïa qui ait poussée l'opinion publique à relancer le débat de la responsabilité des incapables majeurs ?
Il y a fort à penser que oui.

D'un autre côté, il est nécessaire de souligner que le système fait état ici d'une faille bien embarrassante, car si la volonté est aujourd'hui, logiquement, d'accentuer la prévention en modifiant le système d’encadrement des malades mentaux, cette volonté ne suffira peut-être pas pour trouver une meilleure solution, une solution alliant liberté des incapables et protections des citoyens étant un véritable défi qui est loin d’être relevé à l’heure actuelle.

Bref, on ne peut donc qu'être un semblant fataliste après ce fait divers, même si, rappelons-le, le malade mental s'était échappé et on ne peut ainsi généraliser la crainte d'un tel acte à tous les incapables majeurs, ce serait remettre en cause l'efficacité même du système judiciaire.

De ce fait, le système présent s’apparente plutôt à la « moins pire des solutions », n'étant pas la meilleure, mais étant la plus adéquate afin de contenter chaque partie.

Un système à améliorer ? Oui, indéniablement.
Un système à bannir ? Non, tout simplement car il n'y a pas de meilleur système au jour d'aujourd'hui...

Alors, sur la responsabilité des malades mentaux, celle-ci ne peut être modifiée, sinon nous tomberions dans un système de pure répression, dénudée de toute notion d'humanisme envers ces personnes qu'il faut avant tout aider, avant de réprimer.
Mais le système encadrant ces personnes pourrait, lui, atteindre ses limites prochainement, et le besoin de l'améliorer ne s'est peut-être jamais fait autant ressentir.

Sources :

Une ancienne victime du malade mental raconte
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hyKq0w...

Un malade mental tue sa mère lors d’une permission
http://www.dna.fr/articles/200710/08/malade-mental-il-tue...