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25 janvier 2009

Saison 1 / Episode 16 : Combattre le Feu par le Feu.

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Cette semaine encore, le Monde a tourné autour d’un seul Homme : Barack Obama.

Non, je ne vais pas vous provoquer une nouvelle indigestion sauce Obamanienne (à prendre dans le sens « Obama ? On sature » étant moi-même un fervent partisan du nouveau Président américain).
Il y aurait d’ailleurs beaucoup à dire sur la façon dont les médias peuvent nous « remplir » d’une même information de sorte qu’on arrive à vouloir zapper ce que nous apprécions.

Je vais plutôt m’intéresser à sa première action en tant que Président, forte en ce qu’elle prolonge l’idée « Change Is Coming », je veux bien entendu parler de la décision de fermer Guantanamo qui prend (enfin) réellement forme.

Derrière cette décision, c’est surtout la Torture qui en prend un coup, car les forces U.S. ont toujours été pointées du doigt quant à leur vision de « La Fin Justifie Les Moyens ».

Soit, la Torture est en voie d’extinction chez les américains, « Joie et Bonheur » diront les plus fervents défenseurs des droits de l’Homme.
Pourtant, et c’est mon rôle après tout, il convient de se demander si la Torture est vraiment, en 2009, un exercice à bannir car dépassant toutes les règles de l’éthique.
En effet, la Torture reste, dans sa finalité, la manière d’obtenir des informations de personnes suspectées des pires actions.

Devons-nous nous réjouir de la fin de cette pratique ou pouvons-nous la défendre ?

Oublions la ligne jaune, laissons l’Emotion à l’écart, ne craignons pas d’heurter les mœurs et soyons objectifs.

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A la manière de Barbares.

Les Droits de l’Homme ont fait de la Torture une de leur cible favorite ces dernières années.
Depuis le 11 septembre 2001, le Monde est entré dans une nouvelle ère où la crainte est devenue la pire ennemi de tout Etat, le Terrorisme s’étant imposé à un échelon mondial et refaisant surface régulièrement, n’importe où et n’importe quand.

Les puissances mondiales ont alors eu comme première volonté de contrer ce phénomène et les américains sont entrés de plein pied dans le bourbier irakien.

Un an et demi après avoir perdu près de 3000 de leurs concitoyens dans ce qui restera l’attentat le plus dramatique de tous les temps, les américains essayèrent tant bien que mal de légitimer leur action en invoquant les fameuses armes de destruction massive (que l’on cherche toujours aujourd’hui).

Mais tout à véritablement dérapé lorsque le scandale de la prison d’Abu-Ghraib et les photos qui y furent prises éclatèrent au grand jour.
Humiliations et souffrances devenaient les premières bribes de la Torture exercée par les gentils (américains) sur les méchants (irakiens).

Depuis cette date, le débat sur la Torture prit place sur le devant de la scène médiatique pour ne plus la quitter, et ce notamment à cause de Guantanamo, Symbole de la Torture américaine sur des personnes qui ne sont pas toujours si coupables que ça.

Les plus critiques sont explicites : ceux qui exercent la Torture sont pires que les terroristes eux-mêmes.
Idée violente mais qui souligne bien le paradoxe existant :
Le Terrorisme c’est l’emploi de la violence visant à faire naître la terreur et la peur chez l’opinion publique.
Et comment dissocier la Torture, même lors d’un interrogatoire, dans ce cas ? On fait peur à un suspect en le menaçant des pires souffrances.
On peut alors aller jusqu’à se demander si l’une est l’autre de ces pratiques ne sont pas, finalement, similaires.

Terrorisme = Torture ?

Les finalités sont différentes, c’est incontestable.
Si le Terrorisme n’a comme objectif que la peur, la Torture, elle, utilise ce même sentiment qu’est la peur afin de répondre à un problème de grande envergure.
Evidemment, bien que ça soit très choquant, la Torture à une finalité « honorable » en ce qu’elle veut amener une réponse afin d’éviter une catastrophe, voire la contrer.

La symbolique de la Balance étant assez démonstratrice, je vais m’en servir ici.
Le soldat américain qui Torture un terroriste le fait afin de rétablir l’équilibre « Peur / Confiance » des choses, équilibre qui est toute la base de la dissociation entre Terrorisme et Torture.
Si le Terrorisme vise à faire basculer cet équilibre du côté « Peur », la Torture (utilisée par les Etats défendeurs, cela va de soi) vise à rétablir un juste équilibre entre la Peur et la Confiance.

En cela, la Torture, qui reste néanmoins une manière très brutale et n’excluant pas d’ailleurs la mort de celui devant la supporter dans le pire des scénarios, peut se targuer d’être moins pire que le Terrorisme.

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La Torture : Arme Légitime ?

Oui, pratiquer la Torture est une violation des Droits de l’Homme, de la Convention Européenne des Droits de l’Homme, j’en passe et des meilleurs.

Mais cette sacralisation du principe « Aucune Torture » est-elle souhaitable ?

Nous, en France, nous n’avons pas la même vision qu’un Etat comme les Etats-Unis, et c’est pourquoi il peut être difficile de comprendre comment certains des agents US pratiquent la Torture, à Guantanamo ou ailleurs.
Est-il utile de rappeler que nous aurions sans doute une vision autre du Terrorisme si ce fut notre pays qui fut frappé d’un attentat faisant 3000 victimes ?

La Torture peut-elle être vue comme un moyen efficace de lutter face aux menaces du 21è siècle ?

Si l’on part du principe que le Terrorisme ne se fixe pas de limite et va de plus en plus loin dans l’horreur, comment ne pas vouloir réagir face cet élan de violence frappant des centaines d’innocents chaque année ?

Car oui, ce n’est pas le Terrorisme qui va s’adoucir parce que les Conventions du Monde entier ont adoptées le principe que « Torturer c’est pas bien, même si c’est le pire des criminels », et il faut être réaliste et savoir que ce n’est pas en théorisant l’éthique que cela atténuera les violences d’extrémistes.

Ici, il faut tout de même rappeler que, selon les spécialistes, les révélations récupérées lors d’un interrogatoire faisant usage de la Torture ne peuvent être considérées comme utiles.
En effet, sous la pression de la souffrance, les victimes de Torture perdent leur cohérence et délivrent, bien souvent, des informations erronées ou sans aucun sens, que ce soit sous influence de la peur ou car un entraînement à la Torture leur a été appliqué auparavant.

Mais comment faire alors ?
Imaginons le scénario le plus extrême, que l’on pourrait d’ailleurs retrouver en prime-time aux US dans une série qui a défrayée la chronique en abusant de séquences de Tortures, à savoir la série 24 : un terroriste est arrêté. Une bombe doit bientôt exploser dans une ville importante et peut causer des milliers de morts.
Que faire ? Lui demander gentiment plusieurs fois où se trouve la bombe, où alors tout mettre en œuvre pour lui faire cracher le morceau, en utilisant donc la force et des moyens pas très honorables.
Faire souffrir un homme pour en sauver des milliers, là est le dilemme éthique.

De la pure fiction pensez-vous ? Pourtant ces derniers mois les forces de police ont à plusieurs reprises arrêté des groupuscules sur le point de commettre des actes tels (l’ETA notamment).

Mais d’un autre côté on nous dit que la Torture ne sert à rien car les propos sous l’emprise de la peur ne sont porteurs d’aucune rationalité !

Cruelle désillusion… Nous avons fait de l’ultime arme contre la crainte du 21è siècle un outil à bannir au nom des Droits de chacun (même des terroristes donc), et quand bien même on peut la légitimer, cette arme se voit décrédibiliser par des spécialistes assurant que c’est finalement la pire des solutions.

Tout le Monde connaît le proverbe : « La Fin Justifie Les Moyens ».
Nous vivons dans une société où tout n’est pas tout noir ou tout blanc, mais où tout est bien gris, et accepter de lutter contre les formes de criminalités du 21è siècle passe par l’acceptation que l’on doive sans doute revoir nos idées car rendre le Monde plus Blanc que Blanc ne pourra se faire en défendant (car oui, en bannissant la Torture c’est bien de cela qu’il s’agit) les Droits de ceux qui veulent le voir brûler…

Sources :

Âmes sensibles s'abstenir

http://www.mindfully.org/Reform/2004/Abu-Ghraib-Prison-Photos11jun04.htm


Bientôt la Fin de la Torture (?)

http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=93865


Kouchner et Yade satisfaits

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2009/01/23/01011-20090123FILWWW00555-guantanamo-kouchner-et-yade-satisfaits.php

31 décembre 2008

Saison 1 / Episode 12 : 2008.

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!!! On va mettre ça sur le compte des bonnes résolutions 2009 : je prendrai le temps, qui me manquait jusque là, pour répondre à vos commentaires postés sur les articles, même les plus anciens !!!

A quelques heures de sauter de plein pied dans l’année 2009, il convient de faire un bref résumé de cette année 2008, année qui restera pour de multiples raisons dans nos mémoires, des très bonnes mais aussi des très mauvaises.

Comment évoquer 2008 sans parler de la crise économique, invitée de premier choix de cette année et qui a déjà prit son billet retour pour 2009 ?

Comment évoquer 2008 sans parler d’Obama, à la fois symbole de la communauté noire, de l’espoir, mais aussi de l’enjeu politique mondial de 2009 ?

Comment évoquer 2008 sans parler du problème de l’environnement, réalité qui va nous suivre pendant bien des décennies encore ?

Comment évoquer 2008 sans parler du pouvoir d’achat, en voie d’extinction ?

Comment évoquer 2008 sans parler de la flambée du pétrole, devenu en quelques semaines un produit de luxe, alors qu’en 2009 il redevient un premier prix ?

Et comment évoquer 2008 sans citer Ingrid Bétancourt, le PS, l’Iphone, Facebook, les Ch’tis, les J.O. de Pékin, et d’autres ?

L’année fut riche en évènements marquants, mais nul doute que 2009 nous réserve déjà son lot de rebondissements, avec un synopsis qui ferait saliver n’importe quel scénariste hollywoodien : les tensions israélo-palestiniennes pour commencer, la présidence d’Obama comme fil conducteur, la crise économique comme personnage récurrent, la question de l’Iran pour le suspense, sans oublier le pouvoir d’achat et le chômage sur un plan plus national.
Ajoutez à cela quelques évènements que nous ne voyons encore pas venir, ce qui n’a pas manqué en 2008, et voilà un avant-goût alléchant de ce qui va commencer dès demain matin.

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Jérôme Kerviel

2008 : ça commence avec Kerviel, ça finit avec Madoff.

Reprenant l’aspect scénaristique, nous pouvons faire un parfait parallèle entre les deux scandales les plus médiatiques de cette année, sur un plan purement financier.
C’est le 24 janvier que l’année 2008, et la crise économique par la même occasion, commence vraiment, jour où un homme sorti de nul part, Jérôme Kerviel, opérateur de marché, fait perdre 5 milliards d’euros à la Banque qui l’emploie.
Que nous étions naïfs de nous extasier devant un tel fait : un homme fait perdre, à lui seul, 5 milliards d’euros à la Société Générale, rien que ça ! C’est fou disions-nous à l’époque, tandis que Kerviel devenait une star du petit écran.
Et, comme si cela n’était en fait qu’un amuse-gueule, les problèmes financiers allaient crescendo avec l’équivalent du « 11 septembre » pour l’économie, le 15 septembre, lorsque Lehman Brothers, banque d’investissement multinational, fait faillite et précipite le monde capitaliste dans son pire cauchemar depuis le « Jeudi Noir » de 1929.

Depuis ce 15 septembre, les bourses du monde entier jouent au yo-yo diabolique, enchaînant baisses spectaculaires et hausses étonnantes.

Pour certains, tout cela prouve que le capitalisme à trouvé ses limites, qu’il est à l’agonie et que nous ne pouvons survivre à cette crise qu’en revenant aux fondamentaux de la Société, en donnant un grand coup de pied dans le système économique mondial actuel.

A la fois car je ne suis pas économiste, mais aussi parce que s’aventurer dans des hypothèses à la manière d’experts et inutile (combien de spécialistes voyaient déjà le baril de pétrole à 200 dollars pour Noël alors qu’il ne culminera finalement qu’à 30 dollars arrivé cette période ?), je ne m’attarderai donc pas sur la crise économique, me limitant au doux présage qu’elle est loin d’être terminée et que nous n’avons peut-être pas encore vu le pire…

Que le Monde fut ému lorsque les Etats-Unis, première puissance économique mondiale mais aussi pays le plus controversé au Monde, élisent un « Président Noir » (on ne peut décidément plus dire seulement « Président » lorsqu’on parle d’Obama), une bouffée d’air pur au milieu d’un véritable nuage de pollution qu’est cette année 2008.
Mais tout reste à faire pour celui qui bénéficie maintenant d’une popularité comparable à celle de Jésus ou du Pape : Guerre à Gaza, Iran, et bien sûr Economie, les premiers dossiers qui l’attendront sur le Bureau Oval.

Ce coin de ciel bleu que représente cette élection (j’en fais trop, non ?) ne durera pas et c’est bien la Crise économique qui aura le dernier mot en cette fin d’année avec, finalement simple continuation de l’escalade entamée avec Kerviel, l’affaire Madoff.

Madoff ? C’est tout simplement dix fois Kerviel, avec un nouveau record établi à 50 milliards de dollars perdus (record qui est à battre, sachez-le).
Dès lors, qu’il semble petit joueur notre frenchie à côté de ce monstre qui réussit la performance de donner des envies de nausée à des centaines et des centaines d’investisseurs, comme Steven Spielberg au travers de sa fondation par exemple, ou encore HSBC et Fortis.
Une véritable cerise sur le gâteau après des semaines économiques dramatiques, cela va sans dire.

Vous l’aurez remarqué, le scénario est donc parfait et résume bien l’escalade de la crise, en commençant avec un petit 3 milliards d’euros, pour finir avec un bon 50 milliards de dollars.

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Bernard Madoff

Sur un autre plan nous pourrions aussi évoquer les J.O. de Pékin, qui ont fait couler des litres d’encre entre février et septembre, des jeux placés sous le symbole des Droits de l’Homme, débat remis en selle avec la cause tibétaine.
Nous le pourrions, certes, mais, comme cela était un peu prévisible, qui se soucie encore du Tibet, aujourd’hui ?

Où sont donc passés les « Free Tibet » que nous cumulions par le biais de tous les médias possibles, jusqu’à l’asphyxie ?
Tel un soufflet, tout est retombé et nous n’avons plus entendu parler de cette cause, dès la fin des J.O. proclamée, tout comme nous n’en avions pas entendu parler avant de constater que les J.O. approchaient à grand pas, vers la mi-février.
Un constat simple et explicite : le groupe Facebook (l’un des sites gagnants de cette année 2008) se rapportant à la cause tibétaine compte aujourd’hui moins de 900 membres…
Cela montre bien que le désintérêt est un sentiment plus fort que la volonté.
De plus, en y ajoutant la crise économique dès la mi-septembre, peu après la fin des J.O., les médias n’ont eu que faire du sujet tibétain et l’ont (logiquement ?) replacé au fond du tiroir.
Réentendrons-nous parler du « Free Tibet » en 2009 ? Pas sûr…

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Quant au grand vainqueur de cette année 2008, il faut avouer que le High-Tech nous a livré un bon cru : Iphone, Wii, Facebook, etc…
Des sujets à première vue futiles en comparaison avec une crise économique, mais ils ont joué un rôle d’une importance considérable en ce qu’ils démontrent une avancée technologique fondamentale à mettre en parallèle de l’évolution de l’économie : ce que l’Homme peut faire, c’est repousser ses limites, limites que l’on retrouve dans la technologie car cela suppose maîtriser les sciences et son environnement, pour pouvoir nous plonger un peu plus encore dans un monde futuriste.
Est-ce que cela est une finalité en soi, c’est un autre problème, il convient de le préciser.
2009 nous réserve là aussi des choses intéressantes, et il sera utile de suivre l’évolution de la technologie durant ces 365 prochains jours.

Tant d’autres sujets pourraient être évoqués, mais cela ne ferait qu’amener un manque de lisibilité à cet article, et nous ne devons nous focaliser que sur l’essentiel si l’on veut effectuer un travail efficace.

Volontairement, pas de deuxième partie aujourd’hui, le tout étant une question de bon sens : Nous avons vu une première partie faisant état d’un bilan de l’année 2008, il conviendrait alors de faire une seconde partie sur les promesses de 2009.

C’est pourquoi, après ce que nous avons vécu cette année, bien malin celui qui pourra prévoir ce qu’il se passera demain, et pour cette raison, je vous invite à nous retrouver l’année prochaine pour, encore et toujours, voir l’autre visage de l’actualité, commenter une actualité qui promet d’être riche, et en ressortir sa substance, afin de nous dégager de ce brouillard que forment faits divers et médias, pour mieux comprendre le monde dans lequel on vit, mais aussi pouvoir anticiper ce qu’il se passera demain.

Sur ce, chers internautes, à l’année prochaine !

Source :

Bonne idée du Monde

http://www.lemonde.fr/a-la-une/visuel/2008/12/19/pour-en-finir-avec-2008_1131995_3208.html

18:15 Publié dans Monde | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bilan, économie, crise

20 novembre 2008

Saison 1 / Episode 4 : Quand l'Euthanasie devient Droit

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Chantal Sébire.

Aujourd’hui encore, ce nom a une signification particulière pour qui se rappelle cette triste histoire.
Atteinte d’une rare tumeur au visage, cette femme fut défigurée et la souffrance la poussa à demander au Président de la République le Droit de mourir.

Les médias s’emparèrent de cette affaire et n’hésitèrent pas à en faire le sujet principal des journaux télévisés, allant même jusqu’à diffuser des images de la malheureuse à 20h, très choquantes et qui auraient pu remettre en cause la réelle sincérité des médias quant à leur volonté de mettre en avant la maladie de Madame Sébire.

Son calvaire se termina finalement le 19 mars 2008.
Elle décéda dans des circonstances mystérieuses, après que l’opinion publique ait eu le temps de prendre partie sur la question du droit de mourir dans la dignité.

La semaine dernière, un palier a été franchi, de l’autre côté des Alpes.

La Cour de Cassation italienne a rendue une décision qui fait déjà polémique, une jurisprudence qui risque de faire couler beaucoup d’encre.
En effet, elle vient de donner raison à un père qui voulait faire arrêter l’alimentation artificielle de sa fille, dans le coma depuis 1992 après un accident de voiture.

Le débat sur l’euthanasie fait partie de ceux qui reviennent régulièrement sur le devant de la scène.
Vincent Humbert en 2003, qui avait lancé la fameuse formule « Je demande le Droit de mourir », Christine Malèvre en 2005, infirmière qui sera condamnée pour pratique de l’euthanasie, et donc Chantal Sébire en 2008, sont les cas les plus récents et les plus médiatiques.

Qu’est-ce que l’euthanasie ?

Selon Le Petit Larousse, l'euthanasie est une pratique visant à provoquer la mort d'un individu atteint d'une maladie incurable qui lui inflige des souffrances morales et/ou physiques intolérables, particulièrement par un médecin ou sous son contrôle.

La Cour de Cassation italienne s’est attiré les foudres de l’Eglise en rendant cette décision, mais nous n’évoquerons pas aujourd’hui la relation Euthanasie/Religion, plutôt la relation Euthanasie/Ethique.

Le Droit a donc donné son aval au père pour qu’il mette un terme à la vie de sa propre fille.

Afin de nous pencher de manière efficace sur l’Euthanasie, nous allons partir de la phrase de la définition de l’euthanasie et la scinder en deux, afin de confronter chaque partie au sens de l’éthique.

Evidemment, les débats sur l’euthanasie sont éternels, nous nous efforcerons simplement de nous approcher de ce qui pourrait être un semblant de Vérité.

« Une pratique visant à provoquer la mort d'un individu […] par un médecin ou sous son contrôle »

Nous ne pourrons pas facilement nous séparer de la substance même de l’euthanasie : la Mort.

Principal argument des anti-euthanasies, point sur lequel les pro-euthanasies se doivent de bien savoir répliquer, l’euthanasie c’est avant tout donner la mort à un être humain.

De quel droit pourrait-on donner la mort à une personne ?

La peine de mort est abolie depuis 1981 en France. Bien que certains remettent en cause cet acquis, les faits divers de notre temps, de plus en plus horribles ne nous le cachons pas, inondant les médias et les poussant à vouloir mener à la potence chaque personne vue à l’écran.

Pouvons-nous légitimer le fait de « laisser mourir » des êtres humains alors que l’une des caractéristiques de notre République est dorénavant de dénoncer la peine de mort.
Bien sûr, et là est la réponse, nous ne traitons pas de la même « Mort ».
L’euthanasie traite des personnes qui sont dans un état de maladie incurable, comme nous le verrons plus tard, alors que la peine de mort s’intéresse aux personnes ayant commis des crimes.

Néanmoins, au-delà de cette différenciation, le résultat est le même, alors comment peut-on considérer comme acceptable le fait de donner la mort à une personne ?
Décider de la mort de quelqu’un est-il un Droit que l’on peut légitimer ?

A première vue, non, jamais nous ne pourrons justifier de la mort d’une personne n’ayant jamais commis d’actes graves dans sa vie.
Enlever la vie à une personne est un Droit que l’Homme ne peut détenir, quelque soit sa position (médecin, Président, proche), sinon chaque crime trouverait des motivations telles que les criminels seraient tous en liberté.

Pourtant, et c’est là la particularité, enlever la vie dans le cadre de l’euthanasie est perçu d’une façon plus qu’originale par la personne agissant ainsi : elle le fait pour rendre service à la personne agonisante.

C’est ainsi que nous constatons que, par la pire des actions, une personne cherche justement le contraire, effectuer la meilleure chose pour la personne souffrante.

Tout l’ambigüité de la notion est ici : il semble alors que l’on puisse légitimer le pire des actes car c’est tout simplement dans l’intérêt de la personne, une personne qui, elle-même, a accepté de s’éteindre pour mettre fin à son calvaire.

Peut-on excuser les personnes faisant acte d’euthanasie ? Ce ne sont pas de vraies criminelles, malgré le fait qu’elles enlèvent une vie.
Ici, il convient donc de faire un rappel à la notion d’intention que nous avons croisé dans l’article « Le Dilemme Fou », afin de différencier clairement criminel et personne « aidant à mourir » :

La personne aidant à mourir ne veut pas tuer pour tuer, non, elle veut soulager les souffrances extrêmes auxquelles une personne est soumise.
Bien que cela soit difficile à concevoir, la Mort est la seule solution envisageable et elle outrepasse son raisonnement afin d’aider à mourir.
Plus que de simples actrices de la Mort de la personne, les personnes pratiquant l’euthanasie se « sacrifient » pourrait-on dire : elles connaissent les enjeux d’un tel acte, mais elles le font tout de même, dans l’intérêt de la personne.

Le criminel, lui, n’agit évidemment pas dans l’intérêt de sa victime. Quelque soit sa motivation, ce n’est surtout pas par compassion qu’il va donner la Mort à la personne.

De ce fait, autant le résultat est le même (le décès d’une personne), autant les raisons sont différentes, et on ne peut donc pas mettre sur un pied d’égalité criminel et personne pratiquant l’euthanasie, alors que c’est le rapprochement le plus souvent effectué par les anti-euthanasie, leur principal argument contre cette pratique.

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Le père d'Eluana


« la mort d'un individu atteint d'une maladie incurable qui lui inflige des souffrances morales et/ou physiques intolérables »

Nous pouvons donc continuer maintenant sur les raisons d’un tel acte.

La compassion, la pitié, autant de sentiments qui poussent à commettre l’irréparable.

En effet, les personnes potentiellement victimes d’euthanasie sont des personnes dont la situation est extrême, que ce soit sur un plan physique ou psychologique.

Malheureusement, la considération d’une « maladie incurable » est bien subjective et dépend de la personne voulant aider l’autre à mourir : à partir de quel moment peut-on dire qu’une maladie est « incurable » ?

Evidemment, la science fait son entrée ici car c’est la médecine qui permet de faire des analyses poussées permettant de déterminer les chances d’amélioration de l’état de la personne.

Mais il n’est pas fait état d’une liste de « maladies incurables » et il faut donc procéder au cas par cas.

Les situations de coma profond sont les cas les plus rencontrés, avec ceux des personnes atteintes d’un fort handicap.

Le désespoir compréhensif des familles des victimes accentue cela : la situation est mentalement horrible à vivre, pour les proches comme pour la personne concernée quand elle est consciente.

Alors, un contexte si extrême légitime-t-il l’impensable ?

La plus grande contradiction inimaginable prend donc forme sous nos yeux : accepter l’idée de pouvoir mourir pour ne plus souffrir.

L’éthique est donc mise à mal ici, car si elle se base sur le bon sens en premier lieu, comment pourrait-elle alors accepter de laisser souffrir des êtres humains ?
Mais l’éthique qui accepterait que l’on « tue » des gens, ne serait-ce pas un comble d’autant plus choquant ?

Source :

Article
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/euthanasie-en-it...

14:19 Publié dans Monde | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : euthanasie, mort, italie, droit