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22 septembre 2009

Saison 1 / Episode 34 : Sujets Sensibles s'abstenir.

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Après Jean-Marie Bigard, Marion Cotillard et Karl Zéro, c'est au tour de Mathieu Kassovitz de se démarquer vis-à-vis des attentats du 11 septembre.

Il sous-entend, comme les trois autres personnalités sus-citées, que la Théorie du Complot est de mise et que le Gouvernement US n'est pas tout blanc dans cette histoire, voire est le principal acteur des attentats.

 

Comment sont considérées ces personnalités après avoir fait part de leur opinion ?

Comme des négationnistes.

 

Il apparaît alors qu'on ne peut pas dire ce que l'on veut concernant les attaques visant le World Trade Center, sous peine d'être pointé du doigt et accusé des pires vices.

 

Cela est-il légitime, tant cette journée du 11/09 nous a tous marqué et nous a montré l'un des pires maux de ce début de 21è siècle, à savoir le Terrorisme ?

Ou alors sommes-nous tombé inconsciemment dans une idée figée et intouchable selon laquelle il y a les gentils américains, et les méchants terroristes, sans remettre une seule seconde en cause la détermination des US de se définir comme policiers du Monde, par tous les moyens.

 

Vu que ceux qui ont osé évoqué la Théorie du Complot précédemment ont été qualifiés de négationnistes et critiqués par l'opinion publique, nous allons essayer de jongler efficacement entre objectivité, faits et réalité, afin de sortir une analyse utile de cette actualité.

 

Au-delà de savoir qui a raison, si la Théorie du Complot existe réellement, si nous n'avons affaire qu'à une simple machination de la part d'un grand nombre de personnes, c'est le rapport à la liberté d'expression qui est ici intéressant.

En effet, les personnalités n'ont fait qu'émettre une hypothèse, mais elle leur a valu une véritable fronde de la part de l'opinion publique et des médias.

 

Dans la même lignée que le premier article de ce blog, et plus récemment l'article mettant en confrontation Liberté d'Expression et Expression Libre, on va essayer de se pencher sur les limites de la liberté d'expression.

 

 

Quand l'évocation d'une hypothèse débouche sur la dénonciation idéologique.

 

Que ce soit le provocant Bigard, l'oscarisée Cotillard, le professionnel Zéro ou le cinéaste Kassovitz, les réactions ont été bien similaires à la suite de leurs déclarations sur les attentats du 11/09.

Moqueries, critiques virulentes, ignorance des médias, rien ne leur a été épargné pour avoir osé dire que les américains n'étaient peut-être pas vierge de tout reproche quant à l'attaque des Twin Towers.

 

On ne peut pas nier une chose, que les attentats ont marqué chaque citoyen du Monde, tant tout cela semblait irréel : la première puissance mondiale assiégée de la plus « spectaculaire » des manières, sous les feux de centaines de caméras et devant des milliards de téléspectateurs.

Le 11/09 sera surtout le préambule à une politique d'attaque légitimée par la défense du Monde face au terrorisme : invasion de l'Afghanistan, chute de Saddam Hussein, tout cela est la suite du 11/09.

 

Nous ne sommes pas là pour dire si les américains ont, sur un plan géopolitique mondial, gagné une avance considérable, où si les actes comme la Guerre en Irak sont une dérive de la peur du terrorisme permettant de réaliser des actes qui auraient été inacceptables hors contexte.

Néanmoins, 8 ans après, les États-Unis se prévalent de vouloir universaliser leur Démocratie dans les pays en difficultés, et cela encore fait suite aux évènements du 11 septembre.

 

On pourrait donc juste en conclure que « Tout est lié », mais les personnalités vont plus loin en envisageant le plus morbide des scénarios : ce sont les américains eux-mêmes qui ont attaqué les Twin Towers.

 

Il suffit de faire un tour sur la Toile pour voir le nombre assez impressionnant de sites traitant de cette Théorie du Complot. Même Wikipédia permet d'avoir un rapport complet sur cette opinion démontrant par plusieurs faits concordants que les deux tours, par exemple, ont été détruites par des bombes dissimulées dans les bâtiments par les américains.

 

A chacun de se faire un avis sur la question, et si un jour on apprenait que le scénario le plus bancal de toute l'histoire puisse être réel, alors il faudrait agir en conséquence.

 

Revenons sur les paroles des personnalités.

 

Elles savent (du moins pour Kassovitz, je l'espère) qu'elles risquent d'être mises sous les feux des projecteurs en évoquant cette théorie du complot.

Bigard, en premier, a fait part de son idée il y a un an maintenant, et cela le suit toujours aujourd'hui.

 

Qui est à blâmer ? Les personnalités qui abusent de leur influence publique pour faire passer leurs idées les plus osées, ou l'opinion publique qui se met volontairement des œillères pour ne pas vouloir envisager une seule seconde une machination qui remettrait en cause la société du 21è siècle et les dominants du Monde entier ?

 

L'un et l'autre, à vrai dire.

 

 

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Mathieu Kassovitz


De la distinction des propos négationnistes et des propos provocants.

 

Après tout, comme vu dans « Liberté d'expression = Expression Libre ? », on ne peut pas tout dire.

Les propos rapportés dans l'article faisaient référence au chanteur Orelsan et aux propos négationnistes.

Les propos sur la Théorie du Complot sont-ils des propos négationnistes ? C'est là l'enjeu du problème.

 

La rétro-analyse est ici faite, et c'est l'un des facteurs du négationnisme.

Certes mais, à ce rythme, on risque de basculer dans la chasse aux sorcières, voulant dénoncer chaque personne qui aurait des idées autres que celles dominantes sur des sujets sensibles.

 

Quant à l'opinion publique, qui s'indigne des propos sur la Théorie du Complot, elle risque de tomber dans une vision du Monde réduite par des œillères afin de se diriger vers un semblant de pensée unique, la crainte de tout monde démocratique qui se respecte.

 

Finalement, ce fait d'actualité témoigne de l'ambiguïté de la liberté d'expression et de la société par la même occasion.
Évidemment, prêcher devant les caméras que les américains sont les auteurs des attentats, c'est à la fois choquant et perturbant.

Mais que nous adoptions la politique de la pensée unique l'est tout autant, comme si on devait tous s'accorder sur une seule et même idée, et non une autre, quelque soit le sujet.

 

Alors, bien sûr, ici l'on évoque le 11/09, ce qui n'est pas un sujet comme un autre, mais nous pourrions plus tard avoir les mêmes causes et conséquences sur d'autres sujets, ce qui serait un très mauvais signe quant au devenir de la société et des idéologies la formant.

 

On doit concevoir que, même si ces personnalités savent qu'elles vont perturber l'ordre actuel des choses, elles peuvent faire part de leurs idées comme tout autre individu.

 

Mais, sur ce, vous me parlerez de Dieudonné et de son négationnisme qui ne trouve là aucun défenseur.

 

Et bien c'est qu'il y a une différence entre négationnisme et remise en question : si encore on n'avait absolument aucune preuve que les attentats du 11/09 aient été réalisé par les américains eux-mêmes, alors on serait dans la même situation vis-à-vis du négationnisme, c'est-à-dire le refus de l'évidence.

 

Aujourd'hui, en 2009, il y a tellement de sites internet et de sources qui évoquent, avec sérieux, une manipulation de grande envergure lors des attentats visant les Twin Towers, qu'on ne peut dire « C'est faux, il ment, etc... ».

 

Je ne dis pas que les américains sont à l'origine des attentats, mais nous agissons comme si il n'y avait absolument aucun fait troublant, aucune incohérence marquante.

Alors qu'il y en a.

 

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Les personnalités ne sont coupables que d'une chose : partager ces théories et le faire savoir.

Que font les médias et l'opinion publique ? Il les pointent du doigt, les accusent, sans eux-mêmes s'interroger sur leurs déclarations, s'interroger eux-mêmes sur les évènements remis en cause.

 

Alors oui, il y a peu de chances qu'un jour on apprenne que les attentats ont été orchestrés par la Maison Blanche (et je l'espère sincèrement d'ailleurs, car sinon nous vivrions dans une société pourrie jusqu'à la moelle), mais des personnes ont choisi d'aller à contre-courant, documents et faits à l'appui, et même si on n'a pas à leur donner un impact médiatique plus important qu'à l'accoutumée, on se doit, si on déclare être une véritable démocratie, leur laisser la parole et leur dignité.

 

Revers de la médaille de la Liberté d'expression ou problème d'un principe démocratique poussé à l'extrême, le constat est le même : les propos des personnalités sus-citées relèvent de la Liberté d'Expression (liberté de s'exprimer sur un sujet sensible), et non de l'expression libérée (dire des choses irréfléchies, injurieuses, indignes d'attention).

 

Si on désire se définir comme un pays démocratique, acceptons (comme les partis extrémistes en politique par exemple) les idées de ceux remettant le système en cause, tant que cela ne dérive pas sur du négationnisme.

 

PS : Dans les sources, un lien vers le site ReOpen911, assez bien fait, demandant une véritable enquête sur les attentats du 11 septembre, qui soit indépendante et non politique.


Sources :

Interview de Kassovitz

Le Négationnisme

Les Théories du Complot concernant le 11/09 sur Wikipédia

ReOpen911, site demandant une nouvelle enquête sur le 11/09

 

11 août 2009

Saison 1 / Episode 30 : Je t'aime... moi non plus.

 

 

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Il y a deux mois, les élections européennes donnaient l'occasion aux électeurs français de désigner leur représentants au Parlement Européen pour les 5 prochaines années.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce vote n'a pas déchaîné les foules.

60 % d'abstention chez nous, pour un scrutin définissant le paysage politique européen, soit 27 pays et près de 500 millions de citoyen, ce n'est pas très honorable.

Et encore, ce phénomène a touché l'ensemble des pays concernés.

La France, comme à son accoutumée, à répondue à une question qui ne lui était pas posée.

Les médias et les politiques eux-mêmes ont trompé l'opinion publique en faisant de cette élection ce qu'elle n'était pas.

J'ai moi-même voté (je suis très consciencieux), réalisant ce que j'estime être mon simple devoir de Citoyen.

Pourtant, ce vote démontre un paradoxe fort embarrassant pour nos contrées hexagonales.

 

Comment fut perçu ce vote en France ?

Quel était son utilité ?

Qui a vraiment gagné ?

 

Ces questions, on aurait dû se les poser dès le lendemain des élections, et les réponses auraient été assez saisissantes.

 

Tout d'abord, commençons par le principal problème : ce qu'ont vu les électeurs à travers ce vote.

 

L'enjeu, pourtant simple, était de désigner les parlementaires européens français qui siègeraient à Strasbourg, en compagnie de ceux choisis par les 26 autres pays de l'Union.

L'enjeu, dès lors, n'était pas la Politique française en crise, la déferlante UMP, l'agonie du PS, mais bien l'orientation donnée à l'Europe pour son plus proche futur.

Pourquoi les médias en ont-ils fait une élection seulement à portée nationale, faisant défiler les têtes d'affiche des différents partis, têtes d'affiche qui, soit dit en passant, étaient totalement étrangères aux élections car aucun ne risquait d'être élu à Bruxelles.

Et oui, à ce stade, qui peut me citer (de mémoire) un des candidats élus au Parlement, Dati et Barnier mis à part ?

En effet, difficile de s'y retrouver lorsque l'on doit voter pour un tel, alors que c'est Cohn-Bendit, Bayrou, Aubry ou Bertrand qui sont mis en avant, c'est-à-dire des personnalités politiques certes, mais pas celles pour qui on doit voter !

 

Mieux, quand une tête d'affiche se retrouve élu au Parlement, comme par exemple Brice Hortefeux, elle s'empresse de trouver un prétexte pour se débarrasser de cette élection et rester dans son Ministère.

 

Dès lors, que voient les électeurs ? Une élection à forte teneur nationale, un nouveau pamphlet anti-Sarkozy pour les uns, une énième crise du PS pour les autres.

Pas de chance, l'enjeu n'était pas national, mais bien européen.

 

Ainsi, le Rosé aura attirer l'attention, tout comme le clash Cohn-Bendit/Bayrou, ou encore les tensions entre Aubry et Royal.

Quid de la notion de citoyenneté européenne ? Quid d'un projet à grande échelle intéressant chaque citoyen de la zone Euro ? Rien.

 

Les élections européennes, grâce aux médias et aux personnalités politiques elles-mêmes, sont devenues une élection nationale : Sarkozy VS Gauche, Verts VS Modem.

 

Certains diront que cela est logique, que la moindre élection est prétexte à remettre en question le pouvoir en place.

Oui, mais si ce sont des élections nationales, ce qui n'était pas le cas ici.

 

 

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Autre problème de taille, rejoignant le précédent : l'utilité de cette élection.

 

La « citoyenneté européenne » est en crise, elle aussi. Tout simplement car elle n'a pas encore prit toute sa force.

Nous sommes des « citoyens français », voilà quelque chose qui trouve un écho : 1789, Droits de l'Homme, Napoléon, Occupation, Résistance, etc... Autant de moments historiques qui donnent du sens à cette expression, nous sommes liés par la même histoire, le même passé, la même culture.

 

Maintenant, nous sommes des « citoyens européens ».

Ok, c'est bien gentil, mais qu'est-ce que cela signifie ? Une histoire commune ? Des valeurs partagées ? Des liens forts entre nos 27 pays ?

Non, nullement.

Le 9 mai 1950, Robert Schuman voulait une Europe Politique.

Le 7 juin 2009, nous en sommes toujours au stade d'Europe Économique : Schengen, l'Euro, la multitude de pays, tout cela est bien d'un point de vue économique, mais ça ne dessine en rien une histoire, un « Vécu » européen, quelque chose nous rendant fier de dire « Je suis un citoyen européen ».

 

Et ces élections l'ont parfaitement démontrées : l'abstention atteint un sommet, et cela renvoie naturellement à l'utilité de ce vote : à quoi servait-il d'élire les députés européens ?

Et là, malheureusement, je ne peux être que pessimiste car la force du Parlement européen est justement un des débats des plus controversés...

Le moteur de l'Union Européenne, c'est la Commission Européenne (comme le Gouvernement à échelle nationale, pour résumer). Le Parlement est l'institution la plus paradoxale car ce sont bien les citoyens européens qui les élisent, mais les idées viennent de la Commission, reléguant le Parlement à un rang d'acteur passif.

 

On a choisi des élus qui ne diront que Oui ou Non aux propositions de la Commission, mais ne proposeront jamais rien.

Je caricature, mais le climat actuel à l'échelle européenne en est vraiment proche.

 

Alors, pour le peu d'électeurs qui se sont intéressés aux élections (4 personnes sur 10), où trouver la motivation nécessaire pour aller au Bureau de Vote ?

On vote pour des listes connues de tous, certes, mais on ne connaît pas la personne en tête de liste, la seule personne du Parti qui en parle à la télévision n'est même pas nommée dans la liste, et en plus les personnes pour qui on vote ne vont quasiment rien faire durant leur mandat, à part faire des allers-retours Strasbourg – Bruxelles !

 

Aujourd'hui, on en est là : on Vote pour quelque chose qui ne nous intéresse pas, car cette même chose ne s'intéresse pas à nous.

 

 

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Daniel Cohn-Bendit

 

Enfin, et là un autre paradoxe est à souligner, le vainqueur des élections.

Qui est-ce ?

99,9 % des réponses seront soit l'UMP, soit Europe Ecologie.

Faux...

Le Parlement Européen est actuellement dominé par le « Groupe du Parti Populaire Européen », traduction pour « UMP » je vous l'accorde, à l''échelon européen.

La Gauche est aussi présente, mais en tant qu'« Alliance progressiste des socialistes et des démocrates au Parlement européen ».

Les Verts, bien que très en vue dans l'hexagone, ne pointent qu'en 4è position, derrière l'équivalent du Modem.

 

Le paradoxe dans le paradoxe ? Tout le monde ici à voulu faire de cette élection européenne une élection française, et donc l'anti-Sarkozysme était fort présent.

L'opinion publique ne faisaient plus les yeux doux au Président (voir la côte de popularité), les Partis politiques en avaient fait une proie, quelque soit leur programme.

Et pourtant, c'est le Parti du Président qui gagne, loin devant le PS.

 

La Politique à de charmant que rien n'y est prévisible.

Encore faut-il savoir si cette imprévisibilité est due à des réflexions fortes de la part des électeurs, ou à une incompréhension générale.

 

En 2005, le « Non » au Référendum sur le Traité instituant une Constitution pour l'Europe (et non pas le « Non » à la Constitution Européenne, ce qui est différent) avait sonné en France comme un message destiné à la Politique de Chirac, non comme un réel rejet de l'Europe.

Là encore, on avait détourner le vote de son but...

En 2009, on remet ça.

 

Histoire de se rendre utile, voici les noms des principaux vainqueurs, par circonscriptions, ceux pour qui vous avez voté :

- Nord-Ouest : Dominique Riquet (Majorité Présidentielle)

- Ouest : Christophe Béchu (Majorité Présidentielle)

- Est : Joseph Daule (Majorité Présidentielle)

- Sud-Ouest : Dominique Baudis (Majorité Présidentielle)

- Sud-Est : François Grossetête (Majorité Présidentielle)

- Massif Central-Est : Jean-Pierre Audy ( Majorité Présidentielle)

- Île-de-France : Michel Barnier (Majorité Présidentielle)

- Outre-Mer : Marie-Luce Penchard

 

Après les résultats des élections, Benoît Hamon aura cette réflexion qui en dit long sur l'incompréhension qui règne entre enjeux politiques, électeurs est médias :

 

« Si on cumule tous les scores des partis de Gauche, la Gauche est largement devant l'UMP. »

 

Décidément, en France, on répond à côté de la question et on vote à côté de l'urne...


Sources :

Le Parlement Européen

Pour ceux qui veulent savoir pour qui ils ont voté

22:23 Publié dans France | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, europe, vote

04 juin 2009

Saison 1 / Episode 29 : Choquer pour ne pas Oublier.

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Le procès Fofana fait parler.

Une nouvelle information tombe dans l'arène médiatique quasi-quotidiennement et ce en grande partie « grâce » au principal suspect, Youssouf Fofana, qui n'hésite pas à multiplier les provocations, encore et toujours.

Un jour il prétend être né le jour où le corps d'Ilan Halimi est retrouvé, un jour il récuse l'une de ses propres avocates.

Aujourd'hui, comme si les médias n'avaient pas assez à dire quant à ce procès teinté d'antisémitisme, voici que l'un d'eux entre en scène en jouant le scoop trash : le magazine Choc.

Faire une couverture avec une photo d'Ilan Halimi prise pendant sa séquestration par le « Gang des Barbares », en plein procès, est pour le moins choquant.

Les armes en présence ?

D'un côté l'opinion publique, évidemment choquée par ce semblant de coup médiatique qui joue la carte du trash pour réussir sa provocation.

De l'autre, les défenseurs de la Liberté de la Presse, pour qui l'information prime et légitime la mise en circulation du magazine.

Les mœurs, l'opinion publique, le procès, les parties civiles, tout le monde est touché par l'acte du magazine Choc.

Que pouvons-nous en tirer ?

 

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Ruth Halimi, la mère d'Ilan

 

 

Une Forte Atteinte à la Dignité Humaine.

 

Déjà en 2006 ce fait divers très sombre avait ému la population, une population qui prenait conscience que des atrocités telles pouvaient se dérouler à quelques mètres d'elle.

Un jeune homme attiré dans le guet-apens par une demoiselle peu scrupuleuse, trois semaines de torture, une agonie lente et inhumaine, voilà le tableau peint par Youssouf Fofana en vue de parvenir à ses fins.

L'antisémitisme est au cœur de cette histoire, ce qui donne d'autant plus de poids à un procès portant déjà de lourds fardeaux.

Sans doute résolu à l'idée que son procès est perdu d'avance, Fofana démontre une volonté de rendre la tâche de chacun plus difficile, pour faire parler de lui et avoir de l'écho dans les médias.

Voici alors que sort la photo d'Ilan Halimi, une photo versée au dossier et à la portée des seuls rares intéressés tels que les avocats des parties et sa famille.

Quelle surprise alors de voir cette même photo en Une d'un magazine people plutôt habitué à mettre en avant des faits « insolites ».

Ainsi Ilan Halimi côtoie-t-il des avions réaménagés en villa et des basketteurs effectuant des dunks (la photo est assez facile à trouver, surtout sur le site Entrevue.fr, détenu par la même filiale possédant le magazine Choc...).

 

La justice est passée par là et le numéro de Choc est retiré des kiosques, évitant de s'appesantir sur cette histoire.

La semaine dernière, la Justice décide finalement de laisser le numéro en kiosque, mais que la photo d'Ilan halimi soit occultée.

Si l'on se met à la place de la famille, le désarroi et la colère se succèdent. Comment peut-on « commercialiser » un fait divers si ignoble ?

 

Les défenseurs du magazine se cachent derrière la liberté de la presse.

Doit-on considérer la liberté de la presse comme pouvoir invincible et sans limite, ou bien comme un principe sacré mais soumis à une ligne jaune ne devant pas être déplacée ?

Au vu de nos conclusions vis-à-vis de la liberté d'expression (Liberté de s'exprimer, oui / Expression libérée, non), on peut sérieusement envisager une limite à la liberté de la presse, comme les photos montrées au grand public dans le cas présent.

Pourtant, des magazines ne jouent que sur ce genre de photos, sans nécessairement que ces magazines se nomment « Le Monde » ou « Libération ».

Voyons par exemple Paris Match, qui fait d'ailleurs des photos son fonds de commerce, et dont la fameuse devise n'est autre que « Le poids des mots, le choc des photos », des photos qui peuvent être prises sur un champ de guerre comme sur les lieux d'un attentat.

Alors, ne serait-ce pas la presse en général qui cumule les atteintes à la dignité humaine et non seulement Choc, qui ne fait que suivre le mouvement ?

Après tout, si l'on attaque Choc pour les photos d'Ilan Halimi, on devrait attaquer toutes les semaines un magazine différent pour les mêmes raisons : atteinte à la dignité humaine.

 

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Youssouf Fofana, lors de son arrestation en Côte d'Ivoire

 

Une Utilité à Souligner : Frapper les Esprits.

 

Il faut bien être objectif et se retenir un tant soit peu de lancer la première pierre au magazine Choc : on peut trouver quelques atouts à cette photo, atouts qui font néanmoins abstraction au respect de la volonté de la famille Halimi.

Le magazine Choc, probablement sans le vouloir, participe à la prise de conscience collective vis-à-vis des faits se déroulant dans les banlieues et liés à l'antisémitisme.

N'oublions pas une chose toute simple : les photos tirées des Camps de Concentration pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Qui prend plaisir à regarder ces photos sur lesquels on aperçoit soit des cadavres, soit des corps squelettiques ?

Pourtant, que ce soit lors de notre éducation ou bien lors de reportages revenant sur cette période bien sombre, on a droit à chaque fois à ce genre de documents.

 

Pourquoi s'infliger une vision si morbide ?

Car c'est l'Histoire, c'est ce qu'il s'est passé, c'est ce qu'il ne faut pas oublier : C'est ce qui marque le plus !

La réponse se trouve ici.

Une photo retranscrivant un moment de l'histoire, quelque soit son intensité, doit être conservée, voire rendue publique, car c'est ce qui permet le mieux de rendre aux générations suivantes l'importance du fait traité par la photo.

 

Nous avons tous étudié la Seconde Guerre Mondiale au Collège et au Lycée, pourquoi ?

Car il ne faut pas oublier, et pour que les générations futures ne commettent pas les mêmes erreurs.

 

Alors, quoi de plus fort que de montrer concrètement l'horreur, par le biais de photos prises en plein cœur de l'action ?

Oui, voir la photo d'Ilan Halimi en Une d'un magazine people est choquant, mais c'est plus le support de diffusion de cette photo que la diffusion de la photo elle-même qui est à blâmer.

Nous avons entendu parler de ce fait divers à la radio, à la télévision, à maintes et maintes reprises.

En un seul cliché, toute la violence de cette histoire ressort et nous explose en plein visage, une image que l'on ne peut pas oublier, une image qui nous lance un message : « Regarde ce qu'il se passe en France, en 2009. »

 

Oui, cette photo a finalement une utilité, celle de nous confronter à la dure réalité.

Oui, elle est dotée d'une force qui fait qu'elle peut être rendue publique, non pas pour le plus grand désespoir de la famille Halimi, mais pour l'Histoire.

Non, le magazine people Choc n'était pas le meilleur support pour rendre publique cette photo.

Si l'on ne veut pas que les mêmes faits se reproduisent d'ici quelques années, montrons l'horreur à chacun.

Évidemment, je précise que cela n'a un intérêt que dans le cas de conflit, quand une action est à pointer du doigt (nazisme pour les camps, Fofana pour Halimi).

Cela est totalement différent lorsque l'on évoque une catastrophe, où la force majeure est l'unique responsable (le crash de l'A330 et ses 228 victimes par exemple).

 

« Le poids (insuffisant) des mots, le choc (inoubliable) des photos »

 

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Sources :

http://www.europe1.fr/Decouverte/Talents-et-personnalite/...